EDITORIAL


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ÉDITORIAL

Le Monde de Verlaine a deux objectifs : permettre aux élèves de s'exprimer sur l'actualité (au sens très large) et les éduquer aux médias.

Ainsi, tous les lundis, en salle 5, de 13h à 13h50, sous la direction de Mme Dandois et de M. Aupée, les élèves volontaires pourront venir écrire sur un sujet d'actualité de leur choix (international, national, régional, Évrecy, collège). Ils pourront aussi écrire un article "coup de cœur" ou participer à la Web-TV, La Télé de Paul.

En outre, les enseignants du collège et des écoles du secteur pourront également proposer à la publication des travaux d'élèves réalisés en classe afin de les mettre en valeur.

dimanche 3 mars 2019

MUNDUS (Chapitres XIX à XXI)

Vous êtes très nombreux à apprécier le roman de Zoélie, MUNDUS. Le Monde de Verlaine vous propose d'en découvrir la suite. Si vous souhaitez vous reporter aux chapitres précédents, cliquez ici !

Illustration : Charlotte P.-B. (6e5)

 Chapitre XIX 

Le Renard 

La Brigade Irënienne nous entraîne dans le tunnel de l'arbre des Rêves, sur la montagne du Chaos et sur le pont du Chaos, puis dans la prison souterraine. Je ne m'imaginais pas un jour entrer dedans en tant que hors-la-loi, les seules fois où j'y allais étant pour accompagner des prisonniers avec la Brigade. Quelle torture de voir ceux avec qui je m’entraînais au combat, courrais dans la montagne, ceux avec qui je partageais ma vie ! Pourquoi ai-je fui ?! Quelle lâcheté ! J'ai baissé les yeux devant mon destin, j'ai abandonné ma destinée de combattant à cause de mes émotions, trop dures pour ce petit idiot que je suis ! Argh... je m'emporte contre moi-même, quel imbécile ! Mais j'ai trouvé quelqu'un qui était comme moi – ou presque, mais qu'importe. Il n'est pas un Irënien, il ne comprend rien à ce qu'il ce passe, mais ce lien étrange que nous avons formé il y a peu est solide.

Je ne sais pas si je le considère comme un ami, mais c'est un être qui m'est cher. Je ne m'explique pas pourquoi, mais j'ai l'impression que nous sommes pareils. Et c'est de ma faute si ce petit humain est coincé dans une autre dimension, dans une prison. Et même si j'y laisse ma fourrure, j'ai trouvé mon objectif : le ramener sur la dimension Terre, où il sera en sécurité. Il y fera froid, il aura faim, mais il ne sera pas constamment en danger de mort. Et je ferai tout pour y parvenir. Cet échange de regard, le jour où nous nous sommes rencontrés, ces paroles que l'on s'est transmises par les yeux, c'est comme un instant suspendu, avant tout, avant la pagaille, les chemins des dimensions, les cellules, tout.

Avant que nous nous séparions, il m'adresse un coup d’œil vif et terrorisé. Mon cœur se serre d'avantage, mais je lui rends son regard. Il sombre dans les ténèbres de sa cellule, et c'est la même chose pour moi. Un ancien camarade me pousse à l'intérieur. C'est un geste plein de rancune, de rage, d'incompréhension. Et ça fait terriblement mal, cela me déchire. Je m'y installe gauchement, et il siffle un mot plein de haine à mon égard. Il prend ma faute très au sérieux, lui. Oh! Je ne me fais pas d'idées. Je dois être haï par toutes les contrées de l'Irëna. Et peut-être même dans les autres dimensions, soyons fous ! Je m'endors, terriblement accablé. Mon rêve est étrange, mais je me concentre sur l'enfant. Je tente de m'incruster dans son sommeil. Je ne sais pas si c'est possible, j'essaye. Je crois entrevoir une bribe de rêve agité, de souvenirs, d'images que je ne connais pas. Ce sont des humains, c'est sûrement son sommeil. J'arrive étrangement à lui souffler un mot dans le langage des hommes : "Enfant, j'arrive ! Je viens te sauver, je viens te sauver et..." mais je me réveille, dans ma cellule. 

Œnothera Missouriensis (œnothère)(source : waltersgardens.com)


Chapitre XX 

Le Gamin 

Je me réveille en sursaut. J'ai mal à la tête et un torticolis. L'odeur de l'humidité me rappelle que je suis en prison. Des pas et des tintements métalliques retentissent. Je commence à avoir faim, mais étrangement, c'est comme si le changement de monde avait remis à zéro l'état de mon estomac. Je me précipite à côté du rocher qui bloque l'entrée de ma cellule. Un trou, très petit, me permet de voir des pattes de renards géantes gantées de cuivre. Elles s'arrêtent en arrivant à mon niveau, je me tends. On déplace un rocher un peu plus loin, et d'autres pattes qui me sont familières sortent. Ils embarquent mon ami. Soudainement, je me mets à leur hurler des insultes, et à leur ordonner de faire attention à mon renard. Je l'entends sursauter, mais les soldats ne fléchissent pas. Ils repartent. J'ai peur. Je continue à leur crier des paroles menaçantes, dont je ne suis pas sûr qu'ils en comprennent la moitié du quart. Mais peu importe, ils doivent comprendre le concept.
Je finis par me rasseoir, épuisé, au fond de ma prison. Vont-ils le torturer, le tuer ? Qu'a-t-il fait pour mériter ça ? Je suis un humain qui se retrouve prisonnier dans un autre monde, après avoir traversé une sorte d'univers vide et silencieux. Quelle situation ! Mon coeur se serre quand je repense à Caen, à ses ruelles et à ses monuments. Comment y retourner ? Mais le laisser là, tout seul, face à un sort cruel sans doute, comment le pourrais-je ?
Après avoir réfléchi, je me décide. Je m'attaque au rocher, que je tente de déplacer. C'est là que je me rends compte que je n'ai pas de muscle. Toute la journée, j'essaie vainement de soulever ce qui me sépare de la liberté.


Chapitre XXI 

Le Renard 

Alors que je broie du noir dans l'ombre, le rocher bouge. La lumière ne me fait rien car les couloirs de la prison souterraine sont presque aussi sombres que les cellules. On m'attache à une corde et on m'emmène je ne sais où. Je n'étais pas assez doué pour être chargé de ce genre de mission, mais je reconnais quelques-uns de mes compagnons d'antan. Nous sortons de la prison, la lumière m'aveugle terriblement. On m'emmène par de sinueux chemins de la montagne du Chaos jusqu'à la Plaque des Aveux, où l'on m'attache sur la froide pierre. Je m'attends alors à une série de questions. Mais on n'en fait rien, et l'on me laisse juste là, on m'observe. Soudain, une petite troupe de renards Irëniens en armure arrivent, une femme qui porte une tunique grise à capuche, surprotégée, se trouve au milieu d'eux. Mon sang se glace. À sa vue, je pousse une plainte qui m'échappe. Parce que si la cheffe de l'Irënia en personne se déplace, il s'agit d'une affaire majeure. Je pensais que ma faute serait moins prise au sérieux, et je me mets à rejeter légèrement mes responsabilités, me dégoûtant moi-même au passage. Un dégoût profond, celui qu'on éprouve à l'égard des lâches. Cette personne est terriblement forte, intelligente, respectée et dégage une aura à faire mourir. Aussi, j'abandonne tout espoir de survie à sa vue. J'ai peur, tellement peur ! On m'assomme. Je rêve. Dans mon rêve, je pousse un S.O.S. à l'enfant. Je voulais le sauver, mais je ne suis peut-être pas destiné à le faire maintenant.

 (À suivre...)

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