Le Monde de Verlaine vous invite à lire la suite des aventures du Gamin et du Renard, les personnages créés par Zoélie, une élève de 6e du collège d'Evrecy. Pour vous relire les précédents chapitres, cliquez ici.
Illustration : Charlotte P.-B. (6e5) |
Chapitre XVII
Le Renard
Les bruits de pas cessent, un portail s'ouvre. Je ressens l'Irëna, ma
dimension, celle de la forêt ! Une dizaine de renards surgissent de
l'entrée vers la dimension. Je constate avec effroi qu'ils sont de la
brigade Irënienne, dont je faisais partie avant mon arrivée sur la
dimension Terrienne. Je ne sais pas ce qu'ils vont faire, mais ils ne
semblent pas venir pour une visite de courtoisie. En principe, un soldat de
la Brigade n'a pas le droit de tuer un prisonnier de la dimension vide. Il
peut blesser pour se défendre, ou diffuser un gaz endormant. Qu'est-ce qu'ils
nous ont concoctés, après le lancement de l'Esprit Ofënne ? Je bande mes
muscles, prêt à endurer leurs tourments. Le nouveau chef, d'après son
diadème, pointe sur nous un regard noir, mais en même temps confus,
embarrassé. Cela met mon ancien capitaine de brigade très mal à l'aise, je
ne sais pas pourquoi. Il recule, mais fait face à la troupe. Les renards en
armures grognent et gonflent leurs pelages à leur tour. Je ne sais quoi
faire, mais ils ont leur programme en tête. Ils doivent nous considérer
comme assez dangereux car nous sommes tous deux d'anciens brigadiers et connaissons bien les techniques et détails de la troupe Irënienne. Je suis
un peu gêné de devoir être du côté des « méchants » comme je disais quand
je rêvais, renardeau Irënien qui n'avait rien à se reprocher, d'intégrer la
Brigade. Le petit d'homme s'est avancé, mais il semble regretter son action
car le capitaine des soldats lance le cri d'attaque, un son perçant dont
l'écho résonne dans l'immense dimension des portails, l'Ofëna. L'enfant ne
sait quoi faire, je bande mes muscles – si fatigués soient-il- et je bondis
sur lui.
Chapitre XVIII
Le Gamin
Je n'y comprends rien. Ils ont disparu, et mon renard s'approche de moi.
J'entends un froissement dans mon dos, un petit tintement résonne. Je n'ai
même pas le temps de me retourner qu'il saute sur quelque chose. La
confrontation entre les deux bêtes géantes est si rapide que je ne peux
voir qu'un tourbillon roux et doré. C'est étrange, ils emploient les mêmes
techniques de combat. Un air familier plane sur les deux renards en
bataille. Mais je n'ai pas non plus le temps de trop cogiter qu'un autre me
fonce dessus précipitamment. Je m'étale de tout mon long sur le sol noir,
le canin m'attache à l'aide de sa gueule à une sorte de laisse. Je jette un
coup d’œil aux renards. Mes deux compagnons à bout de force sont
maîtrisés et attaché de la même façon que moi. Nous ne tentons plus
rien, épuisés et impuissants.
Nous traversons le portail qui se referme derrière nous sur des plaques de
métal attachées aux dos des renards géants. La lumière soudaine de ce monde
nous fait mal aux yeux. Je discerne des arbres, de vastes forêts bordées de
plaines. D'autres renards, en petit nombre, nous font face et nous
observent avec curiosité. Quelques renardeaux aventuriers s'approchent du
convoi et se font reprendre nonchalamment par le cou par leurs proches. Ils
sont tout aussi grands que ceux que j'ai croisés. Mon ami renard vient donc
d'ici ! Pas étonnant qu'il ait un air de famille avec nos assaillants, et
cette étrange cicatrice bleue qui lui faisait tant de mal quand "le
portail" s'est ouvert... Ce que je remarque le plus, c'est ces oenothères
qui recouvrent les vastes plaines de cet endroit. Elles sont des milliers.
C'est magnifique ! Mais je me rends compte qu'elle sont bleues, et pas jaunes
comme chez moi... Je ne serais donc plus sur Terre ? Le doute et la peur
m'assaillent d'autant plus. Mais je ne les laisse pas me contrôler. Je
secoue la tête pour les chasser de ma conscience, et me concentre plutôt
sur ce qui se passe. On nous entraîne dans les profondeurs des racines d'un
arbre géant, on nous fait passer sur une montagne enneigée, on nous traîne
sur un pont douteux, et pour finir on nous plonge dans un trou large comme
l'Abbaye aux Dames de Caen. Ce tunnel est tellement long ! Je jette un
dernier regard paniqué à mon renard et à l'autre, et l'on m'enferme dans
une cellule terreuse. Le noir complet m'engloutit. Un roc est glissé à
l'entrée afin que je ne puisse pas m'enfuir. Je m'assois à terre, et me
demande si j'aurais mieux fait de rester à Caen, en Normandie, sur Terre.
Mais ces pensées ne font rien, et je reste accroupi dans une prison, dans
un monde qui m'est inconnu.
(À suivre...)
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