Le Monde de Verlaine poursuit la publication du roman de Maëlys, Les aventures de Célestia. Nous espérons que la lecture de ce 8e chapitre va donner envie à d'autres écrivains du collège de publier sur le blog leurs propres histoires (romans, nouvelles, BD...).
CHAPITRE 8
Je descends les gradins derrière Maotys et Élise. Arrivée devant les dieux, je m'incline le plus bas que je peux et attends. Myo se colle contre mes jambes. Je le sens trembler.
Avant que vous fassiez la rencontre des dieux, je dois vous prévenir : les dieux égyptiens ont tous une tête animale avec un corps humain quant aux dieux grecs, ils ont une taille d'environ trois mètres chacun. Vous comprenez maintenant la raison de notre stress et de notre peur.
Amon, un des seuls dieux égyptiens à tête d'homme, prend alors la parole, d'une voix grave et forte qui fait vibrer mon corps :
« Relevez-vous et dites-nous ce qui vous amène visiteurs.
- Seigneur Amon. Je suis Lizzie, fille du transmetteur Napharo d'Hercalias, princesse héritière tu trône. Voici des personnes que j'ai rencontré lors d'un de mes voyages hors de l'île. Ils demandent votre aide seigneurs et reines », dit-elle de sa plus belle voix tout en s'inclinant.
Toutes les divinités haussent les sourcils ou soupirent :
« Eh bien, dit Zeus, l'air ennuyé, racontez-nous votre histoire et posez votre question. »
« Seigneurs. Reines. Je m'appelle Célestia et voici Myo, nous sommes accompagnés de Maotys et Élise dont vous avez déjà fait la connaissance et...
- Ah ! coupe Zeus, visiblement plus intéressé, je me souviens de ces deux là ! Ils nous avaient promis de retrouver Artémis et Osiris et finalement qu'ont-ils fait ? Rien ! Ils se sont contentés de vivre en Hercaliazie... sous notre protection ! Sans jamais les trouver ! Si cela ne tenait qu'à moi, je les punirais ! »
J'empêche mes jambes de trembler.
« Seigneur Zeus, excusez-moi de poser cette question mais pourquoi Maotys et sa sœur devaient retrouver les dieux disparus ? »
Il braque sur moi un regard froid, orageux et drôlement furieux. Je n'aurais peut-être pas dû prendre la parole mais je crois voir une étincelle de curiosité dans ses yeux et il m'explique :
« Ils ne te l'ont pas dit ? Si une ou plusieurs personnes tombent ici par accident, ils ne peuvent retourner chez eux. C'est comme cela, point. Si jamais tu retournais chez toi en disant que tu as vu les dieux de deux mythologies, on te ferait interner. Plus personne sur votre planète ne croit en nous. Plus personne n'a de respect pour les dieux « antiques ». Et même si quelqu'un te croyait, il voudrait le voir de ses propres yeux. Maintenant pourquoi chercher ma petite fille, Artémis, et cet autre dieu, Osiris, c'est très simple : si des personnes qui tombent par accident dans ce monde arrivent à prouver qu'ils sont prêts à tout pour retourner chez eux, qu'ils sont dignes de confiance et jurent de ne parler à personne de leurs aventures, nous les ramènerons dans leur univers. La quête de tes amis ici présents consistait à retrouver les dieux disparus et à les ramener. Ils ont échoué. Ils restent. Maintenant jeune fille raconte-nous ton histoire et seulement TON histoire. »
J'ai l'impression que mon corps se dissout sous la colère du dieu mais je me force à parler :
« Je... Je suis arrivée ici par accident en touchant une statuette dans l'usine de mon père, commencé-je, d'une voix mal assurée. »
À la fin de mon récit, les dieux me regardent tous et je sens leur pouvoir faire pression sur mon corps.
« Tu dis que tu as l'impression que l'on t'observe... », remarque Amon.
Les dieux parlent alors entre eux dans une autre langue. Je me tourne vers Lizzie, lui posant la question d'un regard : « Que disent-ils ? ». Elle hausse les épaules et je comprends que ce n'est ni de l'hercalien ni une langue connue des mortels, sinon Lizzie la comprendrait. Ce doit être une sorte de code pour parler entre eux.
Mauvais signe.
Les dieux se disputent entre eux et je les observe. Je sais en reconnaître la plupart mais certains ne me disent rien. Je vois les dieux de l'olympe ainsi que les principaux égyptiens mais ils sont au moins deux cents, d'après moi. Pour me redonner courage et parce que j'en ai assez que mes jambes soient en mode vibreur, je prends Myo dans mes bras. Il m'adresse un regard qui indique clairement un appel au secours et tourne la tête vers une déesse égyptienne à tête de chat : Bastet, déesse du foyer. Pauvre Myo, son instinct lui dit d'attaquer en feulant et grondant mais son esprit lui hurle que s'il le fait, eh bien, disons que je n'aurais plus de chat.
Horus prend la parole:
« Célestia, les dieux ont décidé de t'accorder une chance de retourner chez toi. Tu dois mener une quête. Elle consistera à découvrir la raison pour laquelle les chimères ont eu ce comportement agité. La dernière fois qu'elles ont fait cela, les forces maléfiques se sont rebellées et nous avions dû les traquer et les supprimer durant plusieurs siècles. À toi de découvrir s'il en reste dans la nature et de nous en informer au plus vite.
- Des forces maléfiques seigneur ?
- Tu n'en as pas entendu parler ? Ne sais-tu pas pourquoi, pendant très longtemps, les deux mythologies se sont combattues ?
- Non seigneur, je suis désolée.
- Cela ne m'étonne pas. Dans les mémoires des Hercaliens, ce n'est que la faute des dieux, et seulement des dieux. Ils pensent que nous nous combattions car nous ne voulions pas partager notre pouvoir. Bien sûr il y a cela aussi, mais des forces maléfiques nous forçaient à combattre. Lorsque nous avons compris que cette guerre ne nous mènerait à rien, c'était trop tard. Des milliers d'individus étaient morts. Nous sommes entrés dans une telle rage que nous nous sommes réunis et avons supprimer les forces maléfiques d'Hercaliazie. Pourtant il se peut qu'il en reste dans la terre la plus hostile de ce monde.
- Je dois suivre les chimères et découvrir ce qu'elles trament tout en me méfiant des forces maléfiques ? Mais je croyais que je devais suivre Maotys et et Élise pour retrouver les dieux disparus !
- Non, intervient Zeus, tu as ta quête, ils avaient la leur. Si tu réussis, nous te renverrons chez toi avec ton chat, de la même façon que si tes amis retrouvent Artémis et Osiris, nous les renverrons. Choisis maintenant : accepte la quête ou abandonne la et reste ici pour la vie.
- Mais, seigneur je...
- Tu oses contredire un ordre de Zeus chère enfant ? demande doucement Athéna, ce n'est pas sage de ta part.
- Non non, seulement je ne veux pas...
- Ne t'inquiète pas. Accepte, rentre chez toi. De toute façon nous allons nous remettre à la recherche des dieux, intervient Élise, malgré son teint pâle (elle est encore choquée de la colère de Zeus je suppose).
- D'accord... Très bien... J'accepte la quête.
- Bien. Les chimères sont en route pour la terre hostile, nous informe Thot, dieu égyptien des messages, bon voyage. »
Génial...
Merci seigneurs et reines. Je m'incline de nouveau et pars suivis de mes compagnons. Je rentre dans ma chambre et m'effondre de fatigue sur mon lit. Sans m'en rendre compte, des larmes de stress, de colère et de pression coulent le long de mes joues : à part des dieux, qui pourrait pousser une fille de quatorze ans et son chat dans une quête aussi dangereuse ?! Non mais des chimères ! Lizzie pousse la porte :
« Ça va Cel... »
En voyant mon visage elle rajoute :
« Non ça ne va pas.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je viens t'annoncer la bonne nouvelle. Je m'embarque avec toi dans la quête ! Tu comprends, c'est mon rêve de participer à une quête pour les dieux. Si nous réussissons, nous serions couronnées de gloire !
- Et je partirais en laissant Mao et Élise dans ce monde...
- Ils viennent aussi avec nous tu sais. Ils n'ont pas encore cherché en terre hostile. Or, il se pourrait bien qu'Artémis et Osiris s'y trouvent. Mais pour l'instant dors. Nous partirons demain matin si tu le veux bien. Bonne nuit ! »
Elle part dans sa chambre, me laissant seule avec une petite flamme d'espoir dans le cœur : avec un peu de chance, nous réussirons les deux quêtes et nous retournerons tous chez nous. Sur ce, je prends une douche et me glisse sous mes draps avec Myo, encore choqué de sa rencontre avec Bastet.
La lumière du jour me réveille. Aujourd'hui je pars pour une quête dangereuse dont je ne reviendrais peut-être pas vivante... Quel bon emploi du temps ! Je prends une dernière douche. Cette chambre confortable va me manquer. Je prends un sac en toile et sors de ma chambre suivie de Myo. Ne pas penser et foncer, c'est la clé... Après avoir traversé la moitié du palais, j'arrive dans le jardin extérieur. Je suis la première, mes compagnons de quête ne sont pas encore arrivés. À peine ai-je fini de formuler cette pensée que Lizzie, Maotys et Élise arrivent en se disputant :
« … un petit bateau aurait suffi ! dit Mao.
- Tu ne sais même pas ce qui nous attend ! De ce côté de l'île, c'est peut-être une mer calme mais là où on va c'est toujours agité, crois-moi je vis ici et je vois la différence ! rétorque Lizzie.
- Pourquoi prendre cet énorme bateau alors ? Une galère aurait largement suffi.
- Un bateau à fond plat dans des vagues de six mètres ? T'es malade ou quoi ?!
- Ah oui, et...
- STOP !!! interviens-je, avant que cela ne dégénère, qu'est-ce qui se passe ?
- Lizzie a choisi un énorme bateau pour notre traversée, alors, pour la discrétion, merci bien !
- Ce que je me tue à lui dire, c'est que la mer sera agitée et que les petits bateaux finissent broyés sous les vagues ! »
Je soupire... Le voyage va être long avec ces deux là.
« Bon, prenons le bateau de Lizzie puisque c'est elle qui connaît le mieux l'Hercaliazie », décidé-je.
Le garçon me jette un regard noir mais ne dit rien. Je suis la jeune fille rose.
Effectivement le bateau de Lizzie est assez... voyant, avec toutes ces couleurs et sa figure de proue d'aigle prenant son envol. Il fait au moins trois mètres de haut et environ trente de long. En arrivant dans l'embarcation, Je remarque qu'elle dispose de tout le confort possible et est plutôt agréable à vivre. On me montre ma cabine, plus petite que la chambre du palais, mais toute aussi « terrienne ». Bien, le voyage ne commence pas si mal finalement. Myo s'installe sur le lit et finit sa nuit. Quant à moi je sors prendre l'air marin. Les serviteurs de Lizzie s'occupant du bateau, larguent les amarres et gonflent les voiles. Au revoir île d'Hercalias, bonjour territoire inconnu et hostile gorgé de monstres et de dangers en tout genre. Pourtant, je sens au fond de moi que je me dirige au bon endroit. Une intuition me dit que ce voyage va être dur mais nécessaire. Je retourne dans ma cabine, m'installe à côté de Myo et plonge dans un profond sommeil.
Elle jubilait. Tout fonctionnait comme prévu. Son conseiller arriva :
« Je viens vous faire mon rapport madame.
- Pas besoin. J'en sais assez.
- Bien madame, dit-il en faisant mine de partir.
- Reste ici. Regarde. »
Elle ouvrit la porte de derrière qui débouchait sur des escaliers menant à une cave. Elle descendit suivie de son conseiller. Dans la salle froide, humide et sale, trônait deux cages. Dans la première se trouvait une louve, dans la seconde un corbeau de taille humaine. Lorsqu'ils l'aperçurent la louve se mit à grogner et l'oiseau à battre des ailes violemment. Elle ricana et leur raconta comment son plan fonctionnait. Les animaux s'agitèrent encore plus. Ils s'épuisaient de jour en jour. Bientôt ils n'auront plus la force de vivre. Oui, tout allait pour le mieux : les dieux étaient si faciles à manipuler ! Quant à l'Autre, elle l'attendait. Ses influenceurs faisaient du bon travail, ils la tenaient informée de tous ses faits et gestes. Son conseiller s'approcha des cages et toucha les barreaux pour tester leur solidité. Aussitôt, la louve donna un coup de patte et le corbeau de bec. Il recula :
« Madame, ils ont encore de la force.
- Oui, en prenant cette forme, ils économisent leur énergie, mais ne t'en fais pas, ils ne peuvent pas appeler de l'aide. Ils sont seuls et bientôt tellement affaiblis qu'ils disparaîtront aussi bien physiquement que des mémoires...
- Oui madame.
- Continue de suivre le plan. Envoie nos alliés vers l'étape suivante. Il est temps.
- Bien madame. »
Bientôt le piège se refermera sur l'Autre. Il sera alors condamné.
« AÏE! », m'écrié-je en même temps que mon chat.
Le bateau tangue si fort que nous nous sommes retrouvés à terre. Je me redresse, sors et parviens sur le pont tant bien que mal. Élise arrive en même temps que moi, le visage pâle, comme si elle avait le mal de mer. Le temps est désastreux. Un déluge se déverse sur le bateau et des vagues de la taille d'un immeuble se fracasse contre la coque du navire. Lizzie hurle des ordres que le vent emporte au large et vient vers nous, trempée :
« QU'EST-CE QUI SE PASSE ? hurlé-je.
- BIENVENUE EN TERRE HOSTILE ! ironisa-t-elle.
- IL FAIT TOUJOURS AUSSI MAUVAIS ?
- NON. SUR TERRE C'EST LE DÉSERT! »
Elle part aider son équipage, en hurlant de faire attention à ne pas se faire emporter par les vagues.
À ce moment, une corde lâche et personne ne semble s'en apercevoir à part moi. Le problème c'est que c'est corde qui maintient la grand voile ! Je prends une décision en un éclair, je n'ai ni le mal de mer, ni le vertige, j'y vais !
Je m'élance sur le mât et grimpe difficilement. Un calme profond s'empare de moi. L'échelle de corde bouge tellement que je dois faire un effort considérable pour ne pas tomber . Les eaux noires bouillonnent en-dessous et je m'efforce de pas les regarder. J'y suis presque ! J'attrape les deux bouts de la corde en veillant à bien me cramponner à l'échelle et je les attache ensemble par un nœud marin que mon père m'a appris un jour. Je fais alors l'erreur de regarder le pont et mon impassibilité laisse place à la panique totale. Tout bouge autour de moi. Je ferme les yeux et respire doucement malgré le vent et les embruns qui fouettent mon visage. Je reste là quelques minutes, accrochée à une simple corde. La pluie s'arrête soudainement. Je tente une descente. Une marche après l'autre, j'arrive tremblante de la tête au pied sur le pont. Mes compagnons de voyage arrivent en courant et crient :
« QU'EST-CE QUI T'AS PRIS ? T'ES MALADE ! T'AURAIS PU TE TUER TU SAIS ! dit Maotys, visiblement secoué.
- IL A RAISON, ajoute Lizzie, pour une fois d'accord avec lui, TU ES COMPLÈTEMENT FOLLE DE MONTER AU MÂT LORS D'UNE TEMPÊTE !
- Je... je sais. La corde... Je ne voulais pas que la voile se déchire et puis j'y suis allée et... », murmuré-je, mes paroles se perdant dans le vent.
Ils se regardent et d'un commun accord m'aident à retourner dans ma cabine. Trop épuisée pour protester, je me laisse guider et m'écroule sur le lit à côté de Myo :
« Qu'est-ce qui lui prend ? Elle a vu un fantôme ?
- Non elle a failli finir en fantôme ! répond Maotys, visiblement en colère.
- Pff... Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? »
Je soupire... Comme si j'avais fait beaucoup de choses comme celle-là dans ma vie. Mes amis lui relatent les évènements et je me rends compte que les quelques minutes que je croyais avoir passé sur le mât à me calmer étaient en fait une bonne heure ! Ils disent aussi que tout le bateau me hurlaient de redescendre, que c'était la pagaille sur le pont et que des personnes avaient essayées de me ramener sans parvenir à se hisser jusqu'en haut. Commet ai-je pu y arriver, moi ? Mystère. Personne ne m'a vu monter jusqu'à ce qu'Élise les prévienne.
« Moi je l'ai vue grimper, dit-elle, c'était incroyable ! Elle avait l'agilité, la souplesse et la rapidité d'un chat ! Et puis, elle a noué la corde et s'est figée. C'est à ce moment là que j'ai demandé de l'aide.
- Je n'ai jamais été souple, agile ou rapide, soufflé-je.
- Pourtant je te jure que j'avais l'impression de voir un félin se déplacer !
- On ferait mieux de laisser Célestia se reposer, dit Lizzie, merci pour tout d'ailleurs : sans toi la voile aurait été déchirée. Tu nous as bien aidé.
- Pas de quoi... ».
Ils partent tous de ma cabine, me laissant seule avec mon chat lequel remarque :
« Je crois que tu as quelque chose de spécial Cel.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Tu te souviens la fois où tu m'as trouvé : tu m'as soigné aussi bien qu'un vétérinaire. Et maintenant tu escalades aussi bien qu'un grimpeur professionnel.
- N'importe quoi. C'était des coups de chance. En plus les grimpeur escaladent des montagnes, pas des cordes. Je me suis bien accrochée c'est tout. Maintenant, laisse-moi dormir. »
Il me regarde l'air de dire : « Des coups de chance hein ? ». Je ne sais pas pourquoi je lui ai parlé aussi sèchement, en même temps, il est en train de me dire que je suis une espèce de dingue. Je suis normale moi ! Pas bizarre. Bon je me suis peut-être retrouvée dans ce monde mais... Raah, et puis zut !
Je me plonge sous les couvertures et profite d'une accalmie dans la tempête pour m'endormir.
A suivre...
J'adore ! C'est génial ! Continue comme ça, Maëlys !
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