Dans le cadre de leur participation au festival du polar Bloody
Fleury, les élèves de 4e1 ont écrit des nouvelles policières sur le
thème suivant : "Disparitions inquiétantes... Les enquêteurs
s'orientent vers la piste souterraine". Voici une nouvelle écrite
par Marilou et Océane intitulée "Un automne bouleversant". Bonne lecture !
(source : fleury.surorne.fr) |
Un automne bouleversant
Bonjour, je m'appelle Clément Lepin, j'ai dix-sept ans et j'ai appris un
matin par mon oncle que mes deux cousines de seize ans, Anne et Lise, ont
disparu. J'étais seul chez moi car mes parents s'étaient rendus au
spectacle de danse de ma petite sœur Alice lorsque le téléphone a sonné.
J'ai reconnu la voix grave de mon oncle :
- Allô ? Emmanuel, c'est toi ? entendis-je.
- Non, c'est moi, Clément, papa n'est pas là. Que se passe-t-il ? ai-je
répondu.
- C'est une catastrophe ! paniqua-t-il. Tes deux cousines ont disparu !
Hier soir, elles sont parties marcher dans le parc, comme toutes les
semaines, mais elles ne sont pas rentrées ! Nous avons tout d'abord attendu
une heure ou deux, puis, ne les voyant pas revenir, nous avons appelé la
police. Ils ont sûrement déjà commencé les recherches. En tout cas, je
l'espère, car elles sont peut-être en danger !
- A vrai dire, je n'y avais pas encore pensé. Mais maintenant que tu le
dis, cela pourrait être notre voisin… Tu sais, l'homme étrange et renfermé
qui nous fixe parfois par la fenêtre ?
- Oui, cela pourrait bien être lui… Est-ce qu'il y a une autre personne que
tu pourrais suspecter ? En tout cas, je pense que le vieux concierge y est
pour quelque chose…
- Oui, je suis d'accord avec toi. Et je ne vois aucune autre personne
capable d'enlever deux innocentes jeunes filles… a-t-il réfléchi. Merci
beaucoup, tu préviendras tes parents quand ils seront rentrés. Je vais tout
de suite transmettre ces informations à la police !
- Au revoir ! Et bonne chance !
Et il a raccroché. Voilà comment j'ai appris, en ne serait-ce qu'une
dizaine de minutes, que mes cousines s'étaient fait enlever. Et voilà le
moment à partir duquel j'ai décidé de faire tout mon possible pour les
retrouver.
J'ai donc laissé un message à mes parents leur expliquant la situation et
je suis parti au parc des Delamarre.
Une fois arrivé sur place, je me suis rendu compte que cela faisait très
longtemps que je m'y étais rendu. Mais rien n'avait changé : on
reconnaissait les ruines du château des Delamarre, dont une partie tenait
encore debout, et les broussailles qui les entouraient. L'accès au fond de
la forêt était interdit car le terrain y était pentu et glissant. Or, à ce
moment, je vis le concierge sortir des sous-bois en boitant. Il se
dirigeait vers sa petite maison, juste à côté du parc. Son jardin, dont
l'herbe était sèche depuis bien longtemps, était entouré de vieilles
barrières de bois recouvertes de mousse. Les pierres de sa maison étaient
devenues vertes au fil du temps. Les fenêtres sales, dont les volets se
décrochaient, avaient parfois été brisées puis réparées avec du ruban
adhésif et quelques tuiles étaient tombées du toit.
Le vieux concierge était barbu et ses cheveux grisonnants et sales
tombaient sur ses épaules. Il avait également une carrure très imposante.
Il entra dans sa maison. J'ai alors pensé que je ne pourrais pas obtenir
plus d'informations sur le concierge pour l'instant.
Je me rendis donc chez mon oncle et ma tante, non loin de là, pour leur
demander comment avançait l'enquête. Là, je remarquai un morceau de papier
sur le pas de leur porte, sur lequel était écrit :
Partez très loin,
ou vou le regretterez.
Je remarquai tout de suite que la personne qui avait rédigé ce mot avait
oublié le s au mot « vous ». Mon oncle et ma tante m'avaient déjà parlé des menaces qu'ils
recevaient régulièrement, cependant ils ne s'en étaient jamais inquiétés,
ils pensaient que c'étaient des plaisanteries des petits enfants de leur
voisine.
J'entrai donc dans le joli pavillon d'oncle Stéphane et de tante Jane, et
je donnai le papier à cette dernière. Ma tante, sanglotant en regardant des
photographies de mes cousines, lut le papier et s'assit sur le sofa,
anéantie.
- Que devons-nous faire ? demanda-t-elle. Devrions-nous quitter notre
domicile ?
- Non, je pense qu'il faudrait que l'on identifie la personne qui a écrit
la menace… En faisant signer une pétition, par exemple ! m'exclamai-je.
- Oui, c'est une très bonne idée… De plus, nous pourrons reconnaître
l'auteur de cette lettre par son orthographe du mot vous… réfléchit ma
tante.
- Je prends le papier et je vais tout de suite à la maison pour préparer la
pétition !
- D'accord, à bientôt ! Merci beaucoup ! répondit tante Jane.
Je me rendis au pas de course chez moi, où je trouvai mes parents et ma
sœur en train de lire mon message. Ils me demandèrent des explications. Je
leur racontai tout et montai dans ma chambre, où je commençai à taper une
pétition très convaincante sur mon ordinateur.
Quand j'eus terminé, je descendis déjeuner avec mes parents et Alice. Après
cela, je sortis pour faire signer la pétition à tous les habitants du
quartier de mon oncle et ma tante, en commençant par leur voisin, que je
soupçonnais fortement.
Je sonnai à sa porte et elle s'ouvrit très rapidement, comme si l'homme
savait que j'arrivais. Il avait dû me voir par la fenêtre… J'avais appris
sur sa boîte aux lettres qu'il s'appelait Edouard Courteau. Je remarquai
tout de suite sa petite taille, je le dépassais d'au moins une quinzaine de
centimètres. Il était chauve et ses yeux d'un bleu perçant me fixaient à
travers ses grosses lunettes rondes.
- Bonjour Monsieur Courteau ! Je fais signer une pétition à tous les
habitants de cette rue car la commune voudrait installer de nouveaux
parterres de fleurs sur le trottoir. Cependant, pour cela, il nous faut
l'approbation d'un maximum de personnes. Seriez-vous d'accord avec cette
idée pour embellir notre village ? demandai-je.
- Oui, qu'est-ce que je dois écrire ? répondit l'homme, qui était resté
muet jusqu'ici, d'un ton sec.
- Il faut écrire : Je vous donne tout mon soutien pour l'installation de
nouveaux parterres de fleurs dans notre commune.
Il écrivit rapidement et me redonna la feuille. Je le remerciai et il ferma
la porte. Lorsque je regardai la pétition, je remarquai qu'il n'y avait
aucune faute d'orthographe et que l'écriture était complètement différente
de celle de la lettre de menace.
Je partis donc chez le concierge du parc des Delamarre et je lui fis écrire
la même phrase que Monsieur Courteau, qu'il rédigea correctement et
toujours d'une écriture bien différente de celle de la lettre qu'avaient
reçue mon oncle et ma tante.
Cela éliminait donc nos deux seuls suspects, mais mon intuition me disait
que le concierge cachait quelque chose. En effet, quand j'étais venu sonner
chez lui, il n'était pas dans sa maison. Je l'ai aperçu alors qu'il se
dirigeait vers le fond de la forêt, dont l'accès était toujours interdit.
Il tenait dans ses bras deux sacs en papier et il boitait toujours. Mais
quand il est revenu, quelques minutes plus tard, et qu'il s'est dirigé vers
moi, il ne portait plus rien dans ses mains et avait encore plus de
difficultés pour marcher. De plus, il avait une longue griffure sur le
bras. Enfin, lorsque je lui parlai, je me rendis compte que son parfum ne
m'était pas inconnu. Cette odeur ressemblait fortement à celle de
l'échantillon de parfum de Lise, qu'elle emportait partout avec elle.
Comme il se faisait tard, je rentrai chez moi et je dînai avec mes parents
et ma sœur. Ensuite, je montai dans ma chambre, m'allongeai sur mon lit et
réfléchis à tout ce que j'avais appris au cours de cette longue et
épuisante journée. Mes deux cousines étaient peut-être prisonnières au fond
de la forêt, là où personne ne se rendait jamais, à part le concierge… De
plus, elles devaient avoir très froid, car cette journée d'automne avait
été fraîche et humide… Comment pouvais-je les sortir de cette situation ?
Au moins, elles ne devaient pas avoir faim, car les sacs que le concierge
transportait contenaient sûrement de la nourriture… Mais le vieil homme
leur avait-il fait du mal ?
Je m'endormis et, très tôt le lendemain matin, alors que tout le monde
dormait encore, je me rendis au parc sans faire de bruit pour que l'on ne
me repère pas. Heureusement pour moi, le vieux concierge dormait à poing
fermé, et on l'entendait ronfler depuis l'extérieur, à cause de l'une de
ses fenêtres qui n'avait pas été réparée.
Je traversai le parc et me dirigeai vers les sous-bois sombres et
glissants. Je manquai de glisser plusieurs fois à cause des nombreuses
feuilles de chêne humides qui étaient tombées sur le sol. Les branches des
arbres m'écorchaient les bras et j'avais très froid car je n'avais pas pris
mon manteau, de peur que la porte du placard ne grince.
Cela faisait environ une demi-heure que je marchais quand il se mit à
pleuvoir. Tout à coup, j'entendis un bruit étrange lorsque je posai mon
pied à terre. Mais qu'était-ce ? Je redonnai donc un coup de pied sur le
sol, et le bruit se répéta. On aurait dit qu'il y avait un creux sous la
terre, peut-être une cave ? Je décidai alors d'enlever les feuilles qui
jonchaient le sol et découvris une immense trappe de bois recouverte de
mousse !
Je l'ouvris donc et vis un grand escalier de pierres très abîmé dont on ne
voyait pas l'extrémité. Je m'y engageai dans l'espoir de retrouver Anne et
Lise. Au bout de quelques minutes, arrivé en bas de l'escalier, je me
retrouvai dans un long couloir ténébreux dont les murs étaient faits de
pierres, au bout duquel se trouvait une grande porte de bois. Je l'ouvris
sans grandes difficultés et entrai dans une large pièce éclairée par
quelques chandelles sur le point de s'éteindre. Lise et Anne étaient
assises dans un coin et elles grelottaient sous une couverture très peu
épaisse. Leurs bouches étaient recouvertes par un morceau de tissu sale et
abîmé. Leurs poignets et leurs chevilles étaient liés avec de grosses
cordes.
Dès qu'elles m'aperçurent, elles essayèrent de me parler et je lus un
sentiment de joie immense dans leur regard. Je courus les libérer puis
elles m'expliquèrent tout : elles se promenaient tranquillement, seules
dans le parc, lorsqu'elles avaient ressenti une grande douleur dans le
crâne, et, ensuite, elles s'étaient réveillées dans cette pièce. Et la
veille, le vieux concierge leur avait apporté une demi-baguette de pain sec
et une bouteille d'eau à moitié remplie pour seul repas.
Après avoir écouté leur mésaventure, je leur demandai de rester à
l'intérieur pour ne pas éveiller les soupçons et pour ne pas se blesser en
retournant dans la partie du parc autorisée au public, et je sortis à
l'extérieur pour appeler la police avec mon téléphone portable, mais il n'y
avait pas de réseau. Je quittai donc furtivement le parc et me rendis
directement au commissariat de police.
J'attendis d'abord qu'un agent soit disponible puis lui rapportai ce qui
était arrivé depuis la disparition de mes cousines, la veille. Il appela
deux de ses collègues puis je les conduisis jusqu'au parc des Delamarre et
j'indiquai à l'un d'entre eux où se trouvaient mes cousines et aux deux
autres où était le concierge.
Une fois Lise et Anne rentrées saines et sauves chez elles, le concierge,
qui s'est avéré s'appeler Richard Créole, fut interrogé et placé en
garde-à-vue. Il a tout avoué : il faisait son travail habituel lorsqu'un
homme d'environ cinquante ans était venu lui parler et lui avait promis un
bel appartement et un travail dans sa grande entreprise s'il lui rendait un
petit service. M. Créole avait tout de suite accepté puis l'homme lui avait
avoué s'appeler Jean Hébert et lui avait fait promettre de garder cette
affaire secrète. M. Hébert lui avait donc ordonné de kidnapper les deux
jeunes filles et de les cacher dans un endroit improbable et inconnu de
tous. M. Créole avait donc obéi et avait caché mes cousines dans les
anciens souterrains du château des Delamarre. Nous avons fait des
recherches et nous avons découvert que Jean Hébert était le fils des
anciens propriétaires de la maison de tante Jane et oncle Stéphane. C'était
lui qui avait écrit les lettres de menaces qu'ils recevaient. Il n'avait
jamais voulu quitter sa demeure, c'est pourquoi il avait voulu se venger.
La police avait donc retrouvé M. Hébert et l'avait placé derrière les
barreaux avec M. Créole, son complice.
Et maintenant, Lise a commencé ses études de médecine, Anne veut devenir
pâtissière, tante Jane et oncle Stéphane se sont bien remis, M. Courteau
s'est finalement marié et sa femme et lui sont très heureux ensemble, M.
Hébert et M. Créole sont toujours en prison, et moi, je poursuis mes études
pour devenir écrivain de récits policiers.
Marilou et Océane
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