Trois élèves du collège d'Evrecy ont remporté le 2e prix niveau collège du concours de nouvelles du festival Bloody Fleury (organisé dans la ville de Fleury-sur-Orne du 1er au 3 février 2019). Le Monde de Verlaine félicite Lina Dupin-Ressot (6e2), Tim Lebouteiller (6e4) et Luc Sierra (6e4) qui ont écrit collectivement cette nouvelle et nous vous proposons de lire celle-ci !
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Un jeu dangereux
Partout… J’avais regardé partout. Aucune trace d’elle…
Pourtant Léa, ma sœur de dix-sept ans, ne quittait habituellement jamais son canapé et ses écrans. Depuis que sa meilleure (et seule) amie avait déménagé à l’autre bout du pays, elle était déprimée, déscolarisée et rivée sur son PC…
L’ordinateur, le téléphone, c’était toute sa vie…
Elle était devenue rebelle, ne quittait plus ses jeux vidéo, se réfugiant dans une guerre virtuelle contre monstres et aliens. C’était un jeu rempli de scènes d’horreur, très sanglant et violent. Léa confondait le réel et la fiction et était dans son monde à elle comme dans une bulle. Elle voyait des ennemis partout.
J’étais très inquiet mais l’heure tournait et il fallait que je me rende au collège. En arrivant sur place, je retrouvai ma meilleure amie qui se nommait Alicia et lui parlai immédiatement de la mystérieuse disparition de ma sœur. Elle parut surprise : « Bizarre… Ta sœur est pourtant toujours avachie dans son canapé…».
La journée se passa sans plus d’informations. Mon inquiétude grandissait au fur et à mesure que les heures passaient. Sitôt les cours finis, je rentrai précipitamment avec Alicia.
En passant la porte de ma maison, quelle vision d’horreur nous eûmes : notre chat gisait au sol, haletant et mourant. Il avait dû livrer une bataille à coup de griffes. Les coussins du fauteuil étaient éventrés, les chaises en barricade, la baignoire débordait. Seul le canapé avait été épargné et la télévision était allumée…
«BIP BIIP!». Le téléphone d’Alicia. Elle répondit. Je vis sa tête se décomposer au fur et à mesure. C’était sa mère. Elle nous apprit la disparition du petit frère d’Alicia. Luc, âgé de quatre ans, s’était volatilisé sur le chemin allant de l’école maternelle à la garderie, sans laisser aucune trace. Les animateurs, stupéfiés, assuraient n’avoir rien vu.
Alicia s’effondra sur le canapé. J’essayai de la consoler, en vain.
Un jappement se fit alors entendre et détourna notre attention. Tommy, mon chien, nous faisait signe de le suivre. Au premier regard, je voyais que, lui aussi avait participé à cette lutte mystérieuse : ses poils étaient hérissés, ses oreilles baissées. Il grattait tout de même vigoureusement à la porte de derrière et semblait avoir compris la cause de notre grande tristesse. Il avait visiblement quelque chose d’important à nous montrer…
Il était maintenant dix-sept heures trente et le soleil se couchait. Je pris une lampe torche, en donnai une seconde à Alicia et nous suivîmes mon chien qui nous emmenait vers le fond obscur du jardin. Il sauta sur le rebord du puits enneigé et aboya. Voyant que nous ne comprenions pas, il redoubla ses aboiements. C’est alors qu’il glissa et tomba dans le trou profond. Je fus surpris de ne pas entendre de bruit d’eau. Nous décidâmes alors de descendre en nous aidant de la corde afin d’aller le chercher. Alicia me devança. Elle sauta, s’agrippa et glissa lentement et avec souplesse. Une fois en bas, elle me cria : «Viens vite, Jules, Tommy a trouvé une piste!»
Arrivé en bas du puits, je découvris une grotte souterraine dont les parois étaient recouvertes de tags et de boue. Le froid m’engourdissait et l’effroi me glaçait le sang. Alicia était déjà partie sur les traces de Tommy. Mon instinct me disait de remonter mais il me fallait continuer. Alors, sans réfléchir, je me lançai à leur suite. La caverne était vaste et humide. Aucune trace de vie mis à part quelques gros rats qui trottinaient en couinant. Les seuls ornements étaient des stalactites et des stalagmites mais il n’y avait pas d’indice. Nous décidâmes alors de faire demi-tour. De retour à l’entrée de la grotte, nous découvrîmes un morceau d’agathe qui ressortait du mur de pierres parfaitement alignées. En scrutant de près à l’aide de la lampe, nous distinguâmes la forme d’une porte grâce à la lumière brillante. La pierre d’agathe était en vérité une poignée. J’appuyai sur celle-ci et toutes les pierres voisines se dérobèrent laissant apparaître un sombre tunnel éclairé par de frêles lanternes dont les ombres inquiétantes se reflétaient sur les murs. On se croyait dans une mine de charbon. Tommy aboyait, il sentait quelque chose. Alicia toussait, elle était allergique.
Un bruit étrange se fit entendre. C’était Léa. Quel soulagement ! Je me précipitai. Lorsque nous l’aperçûmes j’étais horrifié. Elle était armée jusqu’aux dents: un bouclier en bois, des bâtons qu’elle prenait pour des épées, des protège-tibias, des gants de cuir et un gilet pare-balle : un équipement de militaire ! Elle voulait nous attaquer… nous qui n’étions pas armés !
J’essayai de la raisonner :
« C'est moi, Jules, ton frère. Tu me reconnais ?
- …
- Ho, ho ! Réponds-moi! »
Soudain, nous aperçûmes Luc. Alicia cria de joie mais elle se calma très vite. Son frère était mort. Il était là, allongé sur le sol, inanimé, le visage ensanglanté. Ma sœur était-elle une criminelle ? Nous devions rentrer et tout raconter mais j'avais très peur : je ne pouvais pas la dénoncer. J’attrapai Luc et le serrai dans mes bras, tandis qu’Alicia maîtrisant sa peur, empoigna la main de ma sœur qui ne réagit pas. Elle se laissa faire sans broncher. J’empruntai un des nombreux chemins. Par où aller ? Où se trouvait la sortie ? C’était un labyrinthe souterrain plein de galeries. À certains endroits, on distinguait des traces de sang sur le sol. Léa semblait revenir peu à peu à la réalité. C'était comme si elle sortait d’un rêve. Elle connaissait le chemin. Nous la suivîmes. Ce n’était pas le trajet de tout à l’heure. Mais elle paraissait sûre d’elle. Soudain, je reconnus la cave de notre maison. Nous étions arrivés ! Je montai les escaliers, tenant toujours le petit Luc dans mes bras, et entrai en trombe dans la maison. Je posai délicatement le petit corps inerte de Luc sur le canapé et l’enveloppai dans une couverture. Alicia ne cessait de pleurer. Ses larmes coulaient sur son visage et tombaient sur Luc qui, réchauffé, ouvrît lentement les yeux. Il n’était pas blessé; il avait seulement saigné du nez. Luc était vivant et Léa de retour dans notre monde !
Elle retrouva le chemin de l’école, se fit de nouveaux amis, se remit au hand-ball; et ne rejoua plus jamais aux jeux vidéo.
L’ordinateur, le téléphone, c’était toute sa vie…
Elle était devenue rebelle, ne quittait plus ses jeux vidéo, se réfugiant dans une guerre virtuelle contre monstres et aliens. C’était un jeu rempli de scènes d’horreur, très sanglant et violent. Léa confondait le réel et la fiction et était dans son monde à elle comme dans une bulle. Elle voyait des ennemis partout.
J’étais très inquiet mais l’heure tournait et il fallait que je me rende au collège. En arrivant sur place, je retrouvai ma meilleure amie qui se nommait Alicia et lui parlai immédiatement de la mystérieuse disparition de ma sœur. Elle parut surprise : « Bizarre… Ta sœur est pourtant toujours avachie dans son canapé…».
La journée se passa sans plus d’informations. Mon inquiétude grandissait au fur et à mesure que les heures passaient. Sitôt les cours finis, je rentrai précipitamment avec Alicia.
En passant la porte de ma maison, quelle vision d’horreur nous eûmes : notre chat gisait au sol, haletant et mourant. Il avait dû livrer une bataille à coup de griffes. Les coussins du fauteuil étaient éventrés, les chaises en barricade, la baignoire débordait. Seul le canapé avait été épargné et la télévision était allumée…
«BIP BIIP!». Le téléphone d’Alicia. Elle répondit. Je vis sa tête se décomposer au fur et à mesure. C’était sa mère. Elle nous apprit la disparition du petit frère d’Alicia. Luc, âgé de quatre ans, s’était volatilisé sur le chemin allant de l’école maternelle à la garderie, sans laisser aucune trace. Les animateurs, stupéfiés, assuraient n’avoir rien vu.
Alicia s’effondra sur le canapé. J’essayai de la consoler, en vain.
Un jappement se fit alors entendre et détourna notre attention. Tommy, mon chien, nous faisait signe de le suivre. Au premier regard, je voyais que, lui aussi avait participé à cette lutte mystérieuse : ses poils étaient hérissés, ses oreilles baissées. Il grattait tout de même vigoureusement à la porte de derrière et semblait avoir compris la cause de notre grande tristesse. Il avait visiblement quelque chose d’important à nous montrer…
Il était maintenant dix-sept heures trente et le soleil se couchait. Je pris une lampe torche, en donnai une seconde à Alicia et nous suivîmes mon chien qui nous emmenait vers le fond obscur du jardin. Il sauta sur le rebord du puits enneigé et aboya. Voyant que nous ne comprenions pas, il redoubla ses aboiements. C’est alors qu’il glissa et tomba dans le trou profond. Je fus surpris de ne pas entendre de bruit d’eau. Nous décidâmes alors de descendre en nous aidant de la corde afin d’aller le chercher. Alicia me devança. Elle sauta, s’agrippa et glissa lentement et avec souplesse. Une fois en bas, elle me cria : «Viens vite, Jules, Tommy a trouvé une piste!»
Arrivé en bas du puits, je découvris une grotte souterraine dont les parois étaient recouvertes de tags et de boue. Le froid m’engourdissait et l’effroi me glaçait le sang. Alicia était déjà partie sur les traces de Tommy. Mon instinct me disait de remonter mais il me fallait continuer. Alors, sans réfléchir, je me lançai à leur suite. La caverne était vaste et humide. Aucune trace de vie mis à part quelques gros rats qui trottinaient en couinant. Les seuls ornements étaient des stalactites et des stalagmites mais il n’y avait pas d’indice. Nous décidâmes alors de faire demi-tour. De retour à l’entrée de la grotte, nous découvrîmes un morceau d’agathe qui ressortait du mur de pierres parfaitement alignées. En scrutant de près à l’aide de la lampe, nous distinguâmes la forme d’une porte grâce à la lumière brillante. La pierre d’agathe était en vérité une poignée. J’appuyai sur celle-ci et toutes les pierres voisines se dérobèrent laissant apparaître un sombre tunnel éclairé par de frêles lanternes dont les ombres inquiétantes se reflétaient sur les murs. On se croyait dans une mine de charbon. Tommy aboyait, il sentait quelque chose. Alicia toussait, elle était allergique.
Un bruit étrange se fit entendre. C’était Léa. Quel soulagement ! Je me précipitai. Lorsque nous l’aperçûmes j’étais horrifié. Elle était armée jusqu’aux dents: un bouclier en bois, des bâtons qu’elle prenait pour des épées, des protège-tibias, des gants de cuir et un gilet pare-balle : un équipement de militaire ! Elle voulait nous attaquer… nous qui n’étions pas armés !
J’essayai de la raisonner :
« C'est moi, Jules, ton frère. Tu me reconnais ?
- …
- Ho, ho ! Réponds-moi! »
Soudain, nous aperçûmes Luc. Alicia cria de joie mais elle se calma très vite. Son frère était mort. Il était là, allongé sur le sol, inanimé, le visage ensanglanté. Ma sœur était-elle une criminelle ? Nous devions rentrer et tout raconter mais j'avais très peur : je ne pouvais pas la dénoncer. J’attrapai Luc et le serrai dans mes bras, tandis qu’Alicia maîtrisant sa peur, empoigna la main de ma sœur qui ne réagit pas. Elle se laissa faire sans broncher. J’empruntai un des nombreux chemins. Par où aller ? Où se trouvait la sortie ? C’était un labyrinthe souterrain plein de galeries. À certains endroits, on distinguait des traces de sang sur le sol. Léa semblait revenir peu à peu à la réalité. C'était comme si elle sortait d’un rêve. Elle connaissait le chemin. Nous la suivîmes. Ce n’était pas le trajet de tout à l’heure. Mais elle paraissait sûre d’elle. Soudain, je reconnus la cave de notre maison. Nous étions arrivés ! Je montai les escaliers, tenant toujours le petit Luc dans mes bras, et entrai en trombe dans la maison. Je posai délicatement le petit corps inerte de Luc sur le canapé et l’enveloppai dans une couverture. Alicia ne cessait de pleurer. Ses larmes coulaient sur son visage et tombaient sur Luc qui, réchauffé, ouvrît lentement les yeux. Il n’était pas blessé; il avait seulement saigné du nez. Luc était vivant et Léa de retour dans notre monde !
Elle retrouva le chemin de l’école, se fit de nouveaux amis, se remit au hand-ball; et ne rejoua plus jamais aux jeux vidéo.
Fin.
Vraiment super !!! En même temps fantastique et en même temps policier, franchement génial !!!
RépondreSupprimerOui votre histoire est vraiment géniale. BRAVO À VOUS TROIS !!!!!
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