Une vie de chat (Chapitre 2)

Le Monde Verlaine vous présente la suite des aventures de Lucy et de Daisy, les héroïnes de la nouvelle écrite par Océane, Une vie de chat. Et pour ceux qui auraient manqué le début, cliquez ici !

CHAPITRE 2

 

L'heureux événement

 

Plus d’un an s'écoula rempli de joie et de rires. Le ventre de Daisy s’était considérablement arrondi. La chatte avait maintenant un an et demi, et Lucy crut d'abord que sa petite protégée était en surpoids. Elle en parla à ses parents mais ils lui répondirent que Daisy ne présentait aucun problème.

Tableau de Henriette Ronner-Knip (source : kimcat1b58.eklablog.com)

Un mois plus tard, la chatte se réfugia au fond du jardin. Elle fit un amas de terre et de feuilles, elle y ajouta des plumes laissées par les oiseaux. Daisy s'installa sur le tout, et au bout de quelques instants elle donna naissance à quatre magnifiques chatons. 

Lucy la trouva en train de lécher un minuscule animal au pelage sombre mais qui avait du roux de sa mère. La fillette le baptisa aussitôt Crevette à cause de sa petite taille. Elle découvrit aussi trois autres chatons en train de téter la nouvelle mère. Celle-ci ronronnait et leur passait de vigoureux coups de langue. Lucy se hâta d'aller prévenir ses parents :

- Papa maman ! Daisy a donné naissance à des chatons, il y en a quatre, ils sont superbes, venez voir !

- Vraiment ! Nous arrivons, nous arrivons, répondit Gwendoline en regardant son mari, un sourire en coin car ils savaient depuis longtemps le miracle qui attendait la chatte. Ils échangèrent des coups d’œil amusés, puis, ils suivirent leur fille qui détalait en sens inverse.

Ils étaient contents pour elle. Et il faut dire que c'était un heureux évènement. La bonne humeur contagieuse de Lucy déteint sur eux. David et Gwendolineallèrent voir les petits.

Ils les transportèrent dans un doux panier, il posèrent Daisy et les chatons dans un angle de la cuisine, près de la cheminée; pour faire en sorte que tout ce petit monde ait bien chaud. Les petits étaient en sécurité. Gwendoline décida de baptiser le premier chaton, un mâle au pelage immaculé de blanc, Calico. David, lui, souhaita nommer le second Galaxie, à cause du noir et des reflets bleus qui ornaient sa robe. Lucy voulut dénommer Fripouille une jeune chatte au pelage bicolore, puisqu'il ne restait plus qu'une chatte, et les parents de la jeune fille la laissèrent appeler comme bon lui semblait le dernier animal :

- Ma chérie, à toi l'honneur de nommer celle-ci, lui décréta tendrement son père en désignant du doigt la petite qui tétait sa mère.

- Tout à l'heure, j'ai pensé à Crevette, qu'en dites vous ? proposa Lucy.

- Voilà un merveilleux prénom, de plus il lui va comme un gant ! acceptèrent Gwendoline et son mari en même temps.

- Alors, il y a Calico, Galaxie, Crevette et Fripouille, décompta Lucy tout en désignant chaque chaton du doigt et en prononçant son nom.

La jeune fille promit de s'occuper elle-même des chatons et elle affirma qu'elle accomplirait même les taches les plus rebutantes. Décidément, la venue de nouveaux animaux rendait Lucy de plus en plus responsable. 

Plus les jours passaient et plus les chatons grandissaient ; ils avaient maintenant trois semaines et possédaient un esprit aventurier. La jeune Fripouille s'avérait être très coquine. Daisy se chargeait de leur apprendre à se battre et à chasser tandis que Lucy les divertissait. La jeune fille leur créait d'adorables jeuxet leur avait cousu de ravissantes peluches.

Le week-end, elle passait un maximum de temps avec les petits avant de reprendre le chemin du collège. La jeune fille aimait l'école et sa classe mais les chatons lui prenaient beaucoup de temps et accaparaient son esprit au cours de la journée. Les petits adoraient leur maîtresse et chaque fois qu'elle rentrait de l'école, ils lui faisaient la fête, tantôt des cabrioles, tantôt des câlins. Daisy, quant à elle, lui lançait de petits miaulements aigus qui signifiaient :

" Ah enfin, te voilà ! Sache que ces petits garnements m'épuisent...C'est à ton tour de t'en occuper ! Bonne chance pour ne pas craquer ! "

Il était bientôt vingt heures et il était temps pour les petits chatons d'aller dormir. Ce fut Lucy qui les appela :

- Calico, Crevette, Fripouille, Galaxie ! Venez là mes chatons !

- Ma chérie, dépêche-toi de les ramener dans leur panier car il se fait tard et demain tu as école, lui rappela Gwendoline qui savait que sinon le coucher durerait bien trop longtemps.

- Oui, mais ils font la sourde oreille, se défendit la jeune fille.

- Eh bien montre-toi plus autoritaire, lui répliqua sa mère.

- Bon d'accord, mais je n'aime pas les disputer car après ils vont m'en vouloir et me feront la tête ! Ce n'est pas parce que vous vous en fichez qu'il en est de même pour moi !

- Mais voyons Lucy ! Tu crois vraiment qu'ils vont te détester juste parce que tu les presses un peu ? Ne vois-tu pas que ton argument ne tient pas debout ? Se moqua gentiment David.

- Ton père a raison, c'est une idée quelque peu farfelue, non ?

- Oui, oui ce n'est qu'un argument bien sûr... Je ne me fais que des idées... Ben voyons ! Pff... Vous les adultes vous ne comprenez jamais rien, c'est tout ! cracha la jeune fille, mécontente.

- Lucy ! Ne commence pas ! Je ne veux pas que tu me répondes comme ça, ni à moi ni à ton père ! la réprimanda sa mère.

Dès qu’il s’agissait de l’avis des chatons par rapport à Lucy, celle-ci redevenait une enfant de cinq ans, mais lorsque ses parents commençaient à se moquer de ses idées un peu stupides, elle se rebiffait et continuait d’être l’adolescente têtue qui disait toujours le contraire des autres.

Puis, sur cette dernière tirade, la jeune fille quitta la cuisine où ses parents faisaient la vaisselle, ignorant l'avertissement de Gwendoline.

Lucy alla directement dans la salle de jeux où les chatons s'amusaient :

- Allez, dépêchez-vous maintenant! Je vous ai appelés, il me semble ? Alors, maintenant dehors ! ordonna Lucy.

- Ne m'en voulez pas, je sais que vous vous amusiez bien, leur chuchota quand même la jeune maîtresse.

Elle ajouta à l'adresse de ses parents :

« Maintenant, ce sera de votre faute s'ils me font la tête ! »

Ses parents l’ignorèrent délibérément. Ils ne se préoccupaient même plus du caractère bien trempé de leur fille.

Elle prit donc les chatons dans ses bras et Daisy lui vint en aide. Pendant que la chatte portait Fripouille qui se débattait vainement, la jeune fille, elle, prit les trois autres chatons. Calico commençait à s'endormir balancé régulièrement par les secousses, Galaxie, elle, voulait continuer à jouer et elle lançait de petites plaintes aiguës tout le temps. Crevette cracha quand Lucy la déposa dans son panier, son frère sombra dans le sommeil avant que sa maîtresse lui souhaite bonne nuit et Fripouille, elle, continua de bouger pendant quelques instants mais sentit ses yeux se fermer malgré elle. Sa sœur mordilla doucement Lucy pour lui faire un bisou et Crevette cessa de cracher.

Quand tous les chatons furent couchés, Daisy suivit doucement sa maîtresse qui montait dans sa chambre. Après une dure journée, la chatte s'offrit un repos bien mérité et s'installa au pied du lit, sa maîtresse remonta sa couverture jusqu’à son nez, entourée de toutes ses peluches. 

La jeune fille était elle aussi exténuée, il faut dire que ces quatre petits monstres à la maison faisaient des bêtises ! Elle sombra dans le sommeil après que ses parents lui eurent souhaité bonne nuit. Elle n'avait plus le courage de lire, elle qui aimait tellement cela, elle ne pouvait même plus continuer les aventures de La guerre des clans qu'elle adorait tant. 

(À suivre...)