Le Gamin et le Renard sont en danger... Voici la suite trépidante du roman de Zoélie, MUNDUS. Si vous avez manqué les chapitres précédents, cliquez ici.
Illustration : Charlotte P.-B. (6e5) |
Chapitre XV
Le Renard
Je contemple, paralysé, l'enfant se remettre debout et venir à moi. Mais
qu'est-ce qui m'a pris ? Je me suis jeté sans réfléchir entre les griffes
du démon Ofënien et me voilà à terre, grièvement blessé. Mais ma conscience
me souffle que je m'en serais voulu toute ma vie si j'étais resté là, à
voir un humain innocent se faire tuer par une créature qu'il ne connaît
pas, dans une dimension dont il ne percevait pas l'existence. Au moins,
j'aurais fait quelque chose de bien.
L'enfant me tâte, et, soulagé, se retourne vers le vide. Après une
hésitation, il explore quelques mètres, puis se met à courir, jusqu'à ce
que je ne voie plus rien d'autre que le vide. J'entends un vague grognement
étrangement familier, et une faible course, puis le silence refait son
apparition.
L'enfant revient. Il paraît interloqué, voire effrayé. Je m'endors. Mon
rêve est étrange. Je me relève et je distingue un bruit de pattes. Un
renard maigre et piteux boite vers moi. Je le reconnais ! Il s'agit de mon
capitaine de brigade, qui nous donnait des ordres de mission ou
d'investigation dans ma dimension, l'Irëna. Ah ! L'Irëna, je ne suis pas
sûr de revoir mon monde d'ici peu. Pourquoi a-t-il été rejeté dans la
ténébreuse dimension Ofëna ? Je ne sais pourquoi, une petite voix dans mon
crâne me souffle que c'est à cause de moi. En me voyant, le renard se
renfrogne, et siffle violemment. Il semble rancunier, chiffonné. Je
m'approche, il bande ses muscles. Brusquement, une tempête se met à rugir.
Une lumière blanche apparaît, et des feuilles volent jusqu'à nous. Mais mon
émerveillement ne saurait durer. Un cri perçant venant du petit d'homme
m'arrache à ma contemplation. Je me réveille en sursaut, mais la réalité
est semblable à mon rêve.
Chapitre XVI
Le Gamin
Le deuxième renard m'a suivi. Il boite jusqu'à mon renard. Je pensais
jusqu'à maintenant qu'il pourrait nous venir en aide mais je me rends vite
compte qu'il sera plus hostile que bienfaisant. Il regarde d'un œil noir
mon renard. Une bourrasque survient et de la terre tombe à mes pieds. De la
terre ? Je me tourne vers le vent. C'est une entaille grande comme une
porte qui vient de s'ouvrir. La brèche laisse voir des arbres, voire une
forêt. Les deux renards sont aussi interloqués que moi. Ils s'avancent, se
regardent. Mon « ami » se lève avec difficulté. L'autre traîne son boulet
vers l'étrange portail. Je m'approche, mais des bruits de cavalcade et de
tintements de ferraille approchent de la brèche. Je recule, mais il est
trop tard.
Une dizaine de renards surgissent du portail, qui s'élargit de
quelques mètres. Ils sont vêtus d'étranges armures, comme des guerriers.
Les deux renards gonflent leurs fourrures et bandent leurs muscles, mais je
sais bien que même à eux deux, ils ne feront pas le poids face à ces canins
bien nourris et couverts de plaques d'or. Mais que faire ? Les guerriers
nous toisent avec tension. Ils observent chacune de nos respirations, de
nos mouvements, si brefs soient-ils. Vont-ils nous attaquer, comme le
monstre de tout à l'heure, ou d'il y a quelques jours ? Je suis perdu, le
soleil me manque terriblement. Depuis combien de temps sommes-nous ici ?
Plein de questions du même genre résonnent dans ma tête, et ça fait mal au
crâne. La froideur hivernale de Caen a fait place à un néant silencieux et
angoissant. Franchement, entre les deux, je pense que je préfère Caen. La
faim n'est pas présente ici, mais la peur l’est constamment, et ça, il n'y
a aucun moyen de l'éviter.
(À suivre...)
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