Le vendredi 1er octobre, Madame Lili Leignel est venue au collège d'Evrecy pour témoigner auprès des élèves de 3e de notre établissement de sa vie dans les camps de concentration entre 1943 et 1945. Cette visite s'inscrivait dans le cadre de la manifestation "Passage de témoins" organisée par les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD) à Caen entre le 30 septembre et le 3 octobre 2021. Tous les élèves et les personnels présents la remercient pour son témoignage très enrichissant et pour son énergie communicative qui témoigne de sa résilience. Dans cet article, LMV publie une vidéo et des photos de cette visite, ainsi que des productions d'élèves qui montrent qu'ils sont devenus ses "messagers".
Dessin de Zia (3e) |
Photo publiée dans le journal Ouest-France le 2 octobre 2021 (Cliquez sur ce lien pour lire cet article.) |
Pour commencer, voici une vidéo de 10 minutes qui tente de résumer le témoignage de Mme Leignel qui a duré 1h40 dans le forum du collège.
Puis voici deux photos prises dans une salle de classe où certains élèves ont assisté au témoignage par visioconférence :
Pour terminer, voici quelques textes et dessins réalisés par des 3e du collège adressés à Mme Leignel :
Chère Lili Leignel,
Je me présente, je m’appelle Marie et je suis en 3e au collège d’Évrecy. Je vous écris cette lettre pour vous remercier car, grâce à vous, j’ai appris énormément de choses et j’ai vécu un moment magique en votre compagnie.
Comme je le disais, j’ai appris beaucoup de choses. J’en sais maintenant dix fois plus ou même vingt fois plus qu’avant votre témoignage. Je connais maintenant le nom de nombreux camps, les conditions de vie dans lesquelles vous viviez… Je pense que je n’aurai pas pu tenir les longues heures que vous avez tenu durant l’appel, je n’aurai sûrement pas tenu une journée de travail forcé et surtout je n’aurai pu tenir dans ces camps autant de temps. Ne parlons même pas du réveil et de la nourriture, vous comprenez j’en suis sûr mieux que moi pourquoi. Je ne pensais pas les Nazis si cruels notamment quand ils donnaient la mort aux bébés… Ce passage m’a vraiment choqué !
J’ai vécu un moment magique mais aussi très intensif en émotions… Je n’ai jamais ressenti autant d’émotions : la colère, la haine, la tristesse, la pitié… tout y est passé. La haine et la colère ont été pour les personnes qui vous ont fait subir tout ça. La tristesse a été l’émotion la plus présente et la plus forte car c’est ce que j’ai ressenti globalement tout au long du témoignage et la pitié lorsque que vous parliez de l’humiliation que vous aviez subie dans les wagons à bestiaux notamment. Il est vrai que quelques larmes ont coulé mais je pense qu’elles étaient nécessaires.
Vous témoignez pour des raisons touchantes qui me poussent à vous faire cette promesse : promis, je serai votre messager, votre colombe de paix !
Je me présente, je m’appelle Marie et je suis en 3e au collège d’Évrecy. Je vous écris cette lettre pour vous remercier car, grâce à vous, j’ai appris énormément de choses et j’ai vécu un moment magique en votre compagnie.
Comme je le disais, j’ai appris beaucoup de choses. J’en sais maintenant dix fois plus ou même vingt fois plus qu’avant votre témoignage. Je connais maintenant le nom de nombreux camps, les conditions de vie dans lesquelles vous viviez… Je pense que je n’aurai pas pu tenir les longues heures que vous avez tenu durant l’appel, je n’aurai sûrement pas tenu une journée de travail forcé et surtout je n’aurai pu tenir dans ces camps autant de temps. Ne parlons même pas du réveil et de la nourriture, vous comprenez j’en suis sûr mieux que moi pourquoi. Je ne pensais pas les Nazis si cruels notamment quand ils donnaient la mort aux bébés… Ce passage m’a vraiment choqué !
J’ai vécu un moment magique mais aussi très intensif en émotions… Je n’ai jamais ressenti autant d’émotions : la colère, la haine, la tristesse, la pitié… tout y est passé. La haine et la colère ont été pour les personnes qui vous ont fait subir tout ça. La tristesse a été l’émotion la plus présente et la plus forte car c’est ce que j’ai ressenti globalement tout au long du témoignage et la pitié lorsque que vous parliez de l’humiliation que vous aviez subie dans les wagons à bestiaux notamment. Il est vrai que quelques larmes ont coulé mais je pense qu’elles étaient nécessaires.
Vous témoignez pour des raisons touchantes qui me poussent à vous faire cette promesse : promis, je serai votre messager, votre colombe de paix !
Marie
Mme Leignel,
J'ai eu la chance unique d'assister à votre témoignage le vendredi 1er octobre 2021 avec mes camarades de classe. Celui-ci m'a apporté un grand nombre de connaissances sur la Seconde Guerre mondiale et m'a aussi touché émotionnellement.
Tout d'abord, le fait de pouvoir voir en vrai une personne ayant vécu cette période m'a donné la sensation de rencontrer toute une partie de l'histoire. Votre description détaillée et prenante de la vie des camps, tout le processus du génocide, l'explication des tortures morales et physiques, m'ont encore plus sensibilisé à cette époque dramatique.
J'ai surtout été très touchée par votre intervention. J'ai pu découvrir une personnalité qu'à présent j'admire énormément. Votre optimisme est inattendu après tout ce que vous avez vécu et je trouve que vous faites preuve d'une grande force de caractère. Je n'arrive d'ailleurs pas à réaliser la cruauté inhumaine et les horreurs que vous nous avez raconté durant votre témoignage. Ce qui m'a le plus déchiré fut la séparation avec votre entourage, ce que je n'aurais pas pu surmonter et qui m'a rendu d'autant plus admirative. Votre conclusion et le message d'espoir que vous transmettez à notre génération m'ont encouragé, et je les ai trouvé d'une bienveillance bienvenue car ils contrastent avec les critiques constantes de notre génération qui commencent à nous tirer de plus en plus par le bas.
Je tenais donc à vous remercier pour le devoir dont vous vous êtes chargée et pour le courage que vous incarnez à travers votre histoire.
J'ai eu la chance unique d'assister à votre témoignage le vendredi 1er octobre 2021 avec mes camarades de classe. Celui-ci m'a apporté un grand nombre de connaissances sur la Seconde Guerre mondiale et m'a aussi touché émotionnellement.
Tout d'abord, le fait de pouvoir voir en vrai une personne ayant vécu cette période m'a donné la sensation de rencontrer toute une partie de l'histoire. Votre description détaillée et prenante de la vie des camps, tout le processus du génocide, l'explication des tortures morales et physiques, m'ont encore plus sensibilisé à cette époque dramatique.
J'ai surtout été très touchée par votre intervention. J'ai pu découvrir une personnalité qu'à présent j'admire énormément. Votre optimisme est inattendu après tout ce que vous avez vécu et je trouve que vous faites preuve d'une grande force de caractère. Je n'arrive d'ailleurs pas à réaliser la cruauté inhumaine et les horreurs que vous nous avez raconté durant votre témoignage. Ce qui m'a le plus déchiré fut la séparation avec votre entourage, ce que je n'aurais pas pu surmonter et qui m'a rendu d'autant plus admirative. Votre conclusion et le message d'espoir que vous transmettez à notre génération m'ont encouragé, et je les ai trouvé d'une bienveillance bienvenue car ils contrastent avec les critiques constantes de notre génération qui commencent à nous tirer de plus en plus par le bas.
Je tenais donc à vous remercier pour le devoir dont vous vous êtes chargée et pour le courage que vous incarnez à travers votre histoire.
Zoélie
Bonjour madame Lili Leignel,
Dans un premier temps, je voudrais vous remercier du plus profond de mon cœur d’avoir partagé avec nous, élèves d’Evrecy, votre histoire. Elle va nous permettre de prendre votre relève et de devenir vos petits messagers.
Merci également de nous faire confiance à nous les jeunes d’aujourd’hui.
Votre témoignage m’a particulièrement touché sur certains points.
Votre témoignage m’a appris l’horrible façon de déporter des gens dans des trains sans eau ni nourriture, la façon atroce d’arracher des personnes à leur vie habituelle, à leur famille. J’ai découvert le quotidien des juifs dans des camps. Je me suis mise à votre place lors du comptage où les chiens des SS vous terrorisez. J’ai appris la cruauté que pouvait avoir un homme en lui… les soi-disant jeux des nazis avec les nourrissons, les exécutions des personnes innocentes, les travaux forcés abominables et tant d’autres.
Surtout la cruauté des nazis, certes je l’avais vu en cours mais je ne m’étais pas vraiment rendu compte que cette violence était aussi immense et inimaginable. Cela me laisse encore dans l’incompréhension.
Cette cruauté provoque en moi du dégoût de la tristesse et de la colère, c’est ce que j’ai ressenti à certains moments dans votre témoignage.
L’amour que vous portez pour votre famille notamment pour votre mère m’a énormément touché, vous avez survécu à l’horreur des camps grâce à elle et pour elle, la lueur dans vos yeux lorsque vous parlez d’elle est surprenante et merveilleuse.
Lors de votre témoignage j’étais en réelle admiration pour vous, encore maintenant d’ailleurs, le courage que vous avez est sans limite, le courage de partager votre histoire maintenant à des centaines de personnes est incroyable même si cela j’imagine fait remonter de mauvais souvenirs. Mais j’ai perçu l’importance pour vous de sensibiliser les jeunes à la cruauté du passé et de ne pas refaire les mêmes erreurs.
L’Homme peut être mauvais comme très bon.
L’entraide entre les femmes du camp, aucun mot n’est assez fort pour prouver le respect que je ressens.
Je vous remercie encore de votre générosité et c’est un honneur de vous avoir rencontré.
Avec toutes mes amitiés et tout mon respect.
Dans un premier temps, je voudrais vous remercier du plus profond de mon cœur d’avoir partagé avec nous, élèves d’Evrecy, votre histoire. Elle va nous permettre de prendre votre relève et de devenir vos petits messagers.
Merci également de nous faire confiance à nous les jeunes d’aujourd’hui.
Votre témoignage m’a particulièrement touché sur certains points.
Votre témoignage m’a appris l’horrible façon de déporter des gens dans des trains sans eau ni nourriture, la façon atroce d’arracher des personnes à leur vie habituelle, à leur famille. J’ai découvert le quotidien des juifs dans des camps. Je me suis mise à votre place lors du comptage où les chiens des SS vous terrorisez. J’ai appris la cruauté que pouvait avoir un homme en lui… les soi-disant jeux des nazis avec les nourrissons, les exécutions des personnes innocentes, les travaux forcés abominables et tant d’autres.
Surtout la cruauté des nazis, certes je l’avais vu en cours mais je ne m’étais pas vraiment rendu compte que cette violence était aussi immense et inimaginable. Cela me laisse encore dans l’incompréhension.
Cette cruauté provoque en moi du dégoût de la tristesse et de la colère, c’est ce que j’ai ressenti à certains moments dans votre témoignage.
L’amour que vous portez pour votre famille notamment pour votre mère m’a énormément touché, vous avez survécu à l’horreur des camps grâce à elle et pour elle, la lueur dans vos yeux lorsque vous parlez d’elle est surprenante et merveilleuse.
Lors de votre témoignage j’étais en réelle admiration pour vous, encore maintenant d’ailleurs, le courage que vous avez est sans limite, le courage de partager votre histoire maintenant à des centaines de personnes est incroyable même si cela j’imagine fait remonter de mauvais souvenirs. Mais j’ai perçu l’importance pour vous de sensibiliser les jeunes à la cruauté du passé et de ne pas refaire les mêmes erreurs.
L’Homme peut être mauvais comme très bon.
L’entraide entre les femmes du camp, aucun mot n’est assez fort pour prouver le respect que je ressens.
Je vous remercie encore de votre générosité et c’est un honneur de vous avoir rencontré.
Avec toutes mes amitiés et tout mon respect.
Anaëlle
Bonjour madame Lili Leignel, j'espère que vous allez bien.
Je vous écris pour vous remercier de vous être déplacée afin de nous témoigner de ce que vous avez vécu, j'ai trouvé ça vraiment très intéressant mais également affreux, enfin c'est assez normal.
Les passages de votre récit où vous nous racontiez à quel point votre mère vous a aidé à tenir le coup avec vos frères m'ont réellement touché, de même que lorsque vous nous avez raconté comment des gens vous sont venus en aide et ont pris soin de vous lorsque vous êtes sortie du camp.
La force dont vous avez dû faire preuve face à toutes ces horreurs que vous avez endurées avec votre famille m'a également beaucoup impressionné, vous avez sûrement dû être extrêmement courageuse.
Je pense également à l'énervement que vous devez avoir à l'encontre des négationnistes qui nient tout ce que vous avez vécu comme si rien ne s'était passé, cela doit être vraiment décourageant (ou au contraire, peut-être que cela vous donne encore plus envie de transmettre votre histoire auprès d'autres).
J'ai beaucoup appris grâce à vous, par exemple je n'étais pas vraiment au courant de toutes les conditions inhumaines dans lesquelles les personnes déportées ont vécu, dans les blocs et même dans les wagons lors des déplacements. Je vous avoue que j'ai été légèrement choqué en apprenant ce qu’on faisait aux bébés qui venaient de naître dans les camps, comme tous les gens qui vous ont écoutée je suppose.
Je vous remercie de nouveau pour nous avoir raconté tout cela, prenez soin de vous et au revoir !
Je vous écris pour vous remercier de vous être déplacée afin de nous témoigner de ce que vous avez vécu, j'ai trouvé ça vraiment très intéressant mais également affreux, enfin c'est assez normal.
Les passages de votre récit où vous nous racontiez à quel point votre mère vous a aidé à tenir le coup avec vos frères m'ont réellement touché, de même que lorsque vous nous avez raconté comment des gens vous sont venus en aide et ont pris soin de vous lorsque vous êtes sortie du camp.
La force dont vous avez dû faire preuve face à toutes ces horreurs que vous avez endurées avec votre famille m'a également beaucoup impressionné, vous avez sûrement dû être extrêmement courageuse.
Je pense également à l'énervement que vous devez avoir à l'encontre des négationnistes qui nient tout ce que vous avez vécu comme si rien ne s'était passé, cela doit être vraiment décourageant (ou au contraire, peut-être que cela vous donne encore plus envie de transmettre votre histoire auprès d'autres).
J'ai beaucoup appris grâce à vous, par exemple je n'étais pas vraiment au courant de toutes les conditions inhumaines dans lesquelles les personnes déportées ont vécu, dans les blocs et même dans les wagons lors des déplacements. Je vous avoue que j'ai été légèrement choqué en apprenant ce qu’on faisait aux bébés qui venaient de naître dans les camps, comme tous les gens qui vous ont écoutée je suppose.
Je vous remercie de nouveau pour nous avoir raconté tout cela, prenez soin de vous et au revoir !
Charlotte
J’ai trouvé le discours de Lili Leignel très instructif. J’ai appris combien la souffrance était grande dans ces camps. Maintenant, je sais que les déportés juifs, tziganes ou homosexuels étaient séparés de leurs proches, dépouillés de leurs biens matériels. Heureusement que certains ont pu résister aux maladies, à la malnutrition et aux mauvais traitements pour pouvoir témoigner. Et ainsi, pouvoir faire comprendre aux nouvelles générations de haïr les discriminations, le fascisme et autres vices de notre société. Cela m’a ému d’entendre Lili raconter les moments où ils ont chanté sans discrimination avec des gens d’autres peuples.
Hippolyte
Lili Leignel est née le 15 septembre 1932 et vit actuellement à Lille.
Un jour, alors que Lili était enfant, le curé de la paroisse Saint-Antoine, pressentant qu’il allait se passer quelque chose, proposa de cacher Lili et ses frères Robert et André, tous trois juifs, chez lui. Les parents acceptèrent. Mais, quelques temps plus tard, pensant le danger éloigné, ils insistèrent pour récupérer leurs enfants.
Malheureusement, le 27 octobre 1943, en plein milieu de la nuit, toute la famille dut rassembler en un temps record ce qu’elle avait de plus précieux et suivre les soldats allemands qui le leur avait ordonné. Lili se souviendra de ce jour toute sa vie : c’était l’anniversaire de sa mère. C’est à cet instant que l’enfer débuta. Tout d’abord déportés aux prisons de Saint-Gilles puis Malines, la mère et les enfants sont finalement internés au camp pour femmes de Ravensbrück, le père, lui, est emmené à Büchenwald. Les journées sont terribles. Chaque matin, une sirène les réveille à 3h30 et les chanceux qui réussissent à atteindre l’une des rares cuves à disposition sont autorisés à faire un brin de toilette. La mère de Lili les lève, elle et ses frères, une demi-heure plus tôt afin d’être sûre qu’ils puissent se nettoyer et ainsi « rester dignes ». Après cela, tous les déportés se rendent à l’appel. Ils n’ont plus d’identité et sont réduits à de simples numéros de matricules qu’ils doivent connaître par coeur en allemand pour pouvoir répondre lorsqu’on les appelait. Celui de Lili était le 25 612. Si jamais quelqu’un manque, les autres doivent attendre sans bouger (sous peine d’être la proie des chiens de chasse des soldats) que celui-ci soit retrouvé. Il n’est pas rare de retrouver des morts au dortoir. Après cette étape angoissante, les adultes sont envoyés à l’« Arbeit » tandis que les enfants attendent, espérant de tout coeur que leurs proches envoyés au travail ne sont pas morts. Leur unique « loisir » est de tuer la vermine. Les soldats ne ratent aucune occasion de fouetter les déportés, il leur arrive également de tuer un enfant ou un adulte, au gré de leurs envies. C’était un véritable supplice pour la fratrie et leur mère, ne sachant jamais si l’autre était vivant… Lili et sa famille ont ensuite été emmenés au camp de Bergen-Belsen surnommé « le camp de la mort lente ». Les cadavres jonchaient le sol et l’odeur de la mort emplissait l’air. Heureusement, l’armée britannique libéra le camp en 1945 : le calvaire allait enfin s’arrêter. Cependant, la mère de Lili avait contracté le typhus et dut, à la Libération, rester au « Revier », l’infirmerie du camp, le temps qu’elle guérisse. C’est ainsi qu’après avoir quitté Bergen-Belsen, les enfants durent attendre dans une gare, seuls, que quelqu’un daigne les remarquer. Une assistante sociale et son mari, émus, les accueillirent chez eux. Les jours passaient, et malgré la joie éprouvée d’avoir été libérés, Lili et ses frères se sentaient tristes et inquiets. Leur mère allait-elle s’en sortir ? Allait-elle les retrouver ? Après tout, c’était grâce à elle qu’ils avaient tenu, jusqu’au bout… Peu de temps après, les enfants partirent chez leurs oncle et tante, deux personnes très aimantes mais leur mère était toujours absente… Ainsi, quelle ne fut pas leur surprise de la voir, un beau jour, sur le seuil de la porte ! Elle était dans un état plus alarmant que celui de ses enfants à leur sortie du camp : très affaiblie, elle ne pesait pas plus de 27 kilogrammes, mais elle était bien là. Après de vives retrouvailles, la petite famille regagna sa maison initiale, presque entièrement détruite. Qu’allaient-ils faire ? Ils étaient désespérés. De plus, ils venaient d’apprendre la mort du père, fusillé, peu de temps avant la libération de son camp par l’armée russe. Mais, malgré leur peu de moyens et dans leur extrême bonté, leurs voisins leur apportèrent de la nourriture et quelques meubles. Ce fut le début d’une nouvelle vie pour Lili et sa famille. Celle-ci a commencé à témoigner au début des années 80 afin de contredire les négationnistes et de s’assurer qu’il y aura toujours quelqu’un pour rétablir la vérité.
Lors de son témoignage, Mme Leignel nous a interprété plusieurs chants dans différentes langues qu’elle et ses camarades clamaient dans les camps lorsque les soldats n’étaient pas dans les environs. Ces chants m’ont montré qu’aucune nationalité n’était épargnée : tous subissaient le même enfer.
Pour conclure, ce témoignage m’a beaucoup surprise, car certes, je m’attendais à quelque chose d’horrible, mais pas à ce point. C’est en réalité bien pire que cela, je n’ai même pas les mots pour le qualifier. Mais je pense aussi qu’à partir du moment où l’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas se rendre compte de l’horreur, et c’est d’ailleurs pour cela que le témoignage de Mme Leignel est important : il faut en effet continuer de transmettre...
Lili
Vous pouvez lire son témoignage dans son livre, Et nous sommes revenus seuls, publié cette année :
M. Aupée
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