EDITORIAL


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ÉDITORIAL

Le Monde de Verlaine a deux objectifs : permettre aux élèves de s'exprimer sur l'actualité (au sens très large) et les éduquer aux médias.

Ainsi, tous les lundis, en salle 5, de 13h à 13h50, sous la direction de M. Aupée, les élèves volontaires pourront venir écrire sur un sujet d'actualité de leur choix (international, national, régional, Évrecy, collège). Ils pourront aussi écrire un article "coup de cœur" ou participer à la Web-TV, La Télé de Paul.

En outre, les enseignants du collège et des écoles du secteur pourront également proposer à la publication des travaux d'élèves réalisés en classe afin de les mettre en valeur.

samedi 1 décembre 2018

MUNDUS (Chapitres IV à VII)

Le Monde de Verlaine vous invite à découvrir la suite de MUNDUS, le roman de Zoélie. Pour relire les chapitres II et III, cliquez ici.


 


Chapitre IV
 
Le Gamin 

   Son pelage roux semble terne à la lumière. Il est en piteux état : ses pattes sont tachetées de sang, sa gueule pendante. Il se tient à peine debout. Les gens me regardent avec un air ahuri. Pourtant, je n'ai pas peur. Certes, il est misérable et maigre à terroriser, il peut même paraître fantomatique. On a l'air beau, nous deux quasi morts ! Pourtant, je ne fais pas attention à son physique peu attirant, je ne regarde que ses yeux. Ceux d'un pauvre renard doux et gentil, dont le corps démesuré – six mètres de haut quand même - a complètement pris le dessus sur le tempérament. Je n'ai jamais été très sensible, mais il est dans le même cas que moi. Et ces choses-là, on les voit tout de suite. Ses yeux verts - d'un vert ! - sont beaux, et terrifiants, et attirants, et magnifiques, et ils prennent le dessus sur tout le reste, à mon avis. C'est pour cela que je n'ai pas peur de lui, je sais qu'il ne va pas m'attaquer. Il est trop las pour vouloir se défouler sur quelque chose, et je n'ai que la peau sur les os.
   Il essaie d'être impressionnant, il bombe le torse pour reprendre du courage, mais il voit à mon air attendri que cela ne servira à rien. Il se rassoit, et me fixe. La suite paraît étrange. Je n'y comprends rien.
   Je le vois qui glapit, et qui m'attrape brusquement par les jambes ! Ensuite, il s'élance, de toit en toit, et ce pendant un quart d'heure, et il m'emmène dans un autre quartier. 


***


CHAPITRE V
 
Le Renard 

   Nous nous observons un bon moment, mais les cris des humains me perturbent. Soudain, mon instinct reprend le dessus sur ma réflexion et, même si je suis fatigué, je bondis sur le gamin et je l'attrape par les bras. Puis je m'en vais, sans faire attention aux hurlements des hommes.
   Je pose l'enfant sur le toit. Il n'esquisse aucun geste. C'est normal, ça ? Je ne suis pas habitué aux humains, et je ne sais pas ce qu'il faut faire dans ces moments-là. Serait-il traumatisé ? C'est bizarre, un humain, quand même. Et moi je ne suis pas un chat, je suis un renard. Géant. Un renard géant. Et si mes semblables me voyaient ? Je serais rejeté, hué, banni. Et ça, je ne pourrais pas l'endurer ; pour un gamin, en plus !
   Ah, il bougé. Il… il se redresse. Hou là, qu'est-ce que je fais ? Je cours, ce qui m'est impossible, ou… ? De toute façon, je suis épuisé. Je m'écroule à terre et j'en reste là. Et je m'endors. Un rêve agité.
   Je cours dans une forêt… d'immeubles. Le sol est dur, mes coussinets sont ensanglantés, ils n'ont pas l'habitude de fouler autre chose que de la terre, de la mousse ou de l'herbe ! C'est la nuit. Je ne vois pas la lune, elle n'a pas besoin de m'éclairer : elle sait que ces lampadaires s'en chargeront… un peu trop, même. Je vois l'enfant, une fourche à la main. Je sais qu'il ne me tuera pas : je l'ai lu dans ses yeux. 


*** 

CHAPITRE VI
 
Le Gamin 

   Je me réveille en sursaut. Un bruit : c'est le renard qui s'écroule. Je me lève pour aller voir. Il est immobile, mis à part son flanc qui se soulève lentement. Il dort. Son pelage constellé de tâches écarlates est très sale ; ses coussinets sont dans le même état. Le renard agite ses grandes pattes : son sommeil est agité. Mais pourquoi m'amène-t-il ici ? Sans doute parce que c'est calme. J'avoue que les cris des gens depuis le bas de l'immeuble m'ont fracassé les oreilles. Je farfouille les poches de mon pantalon usé. Quelques miettes de pain ont survécu à ma faim… Mais plus pour longtemps ! J'en prends un peu et avale sans m'attarder. J'ai pitié du renard, parce qu'il n'y connaît rien. Moi, je peux au moins demander de l'argent. Mais avec cette tenue, un vieux T-shirt trop grand et pantalon moyenâgeux tâché, je n'ai aucune chance qu'on me prenne pour un humain, mais plus pour un zombie.
   J'éprouve un peu de dégoût pour le moi d'avant, cette personne insouciante qui passait son temps à râler sans raison, ou juste parce qu'il n'y avait pas assez de connexion. Maintenant, j'ose à peine parler dans la rue. Aussi, je suis mieux aux côtés de ce renard géant plutôt que proche de mes semblables. Au moins, il ne me voit pas comme un SDF, mais il m'observe avec ses magnifiques yeux verts. 


*** 

CHAPITRE VII 
 
Le Renard 

   C'est la nuit. Dans mon monde, j'ai l'habitude de me réveiller quand la lune est dans le ciel, et mon horloge interne me hurle d'ouvrir les yeux, car c'est l'heure de la chasse. Mais quand j'ouvre les yeux, ce n'est pas la forêt qui couvre l'horizon, ce sont les huttes en pierre grise des humains. Le petit est là. En fait, je ne sais pas vraiment quel âge il a, donc je dis petit. Il me murmure quelque chose, mais je ne comprend rien à son charabia… je suis un renard, je te rappelle !
   Je grogne un truc, histoire de lui dire que je l'ai entendu. Et que je n'ai pas peur de lui, aussi. Mais ça, c'est nouveau. Hier, j'étais terrorisé rien qu'à l'idée de voir un humain. Mais là, c'est… différent. Il est différent. Ça n'est pas une brute.
   Une brise fraîche et pleine de senteurs de forêt souffle depuis l'ouest. Je crois savoir ce qui m'a poussé à venir ici. Mon instinct de L'Irëna. Il m'attire vers la nature. Et en même temps, il me rappelle que je ne peux pas rester dans cette ville… Oups, je m'égare ! Le petit humain se rapproche de moi. 


À suivre...

1 commentaire:

  1. Quelle jolie histoire, quelle belle sensibilité dans l'installation de cette relation entre les deux personnages et quelle belle écriture !
    La suite, vite !
    Bravo Zoëlie,

    Claire

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