Découvrez aujourd'hui la suite des aventures du Gamin et de son étrange ami, racontées avec tant de talent par Zoélie. Et si vous voulez relire les chapitres précédents, cliquez ici !
Chapitre VIII
Le gamin
Des gens passent en bas. Ils ne nous voient pas. J'ai l'impression d'être
un fantôme, dans mes habits trop grands. Le renard se tourne vers ces
personnes indifférentes. Il grogne et me fait des yeux noirs. Il semble
m’ignorer, comme pour cacher… sa peur, ça se voit. Je me retourne vers les
maisons du quartier. Des lumières s'allument et s'éteignent, sans
discontinuer. Je me demande ce que je peux faire. Le renard ne cesse de
s'agiter, comme s'il était perturbé par des acouphènes, mais… pourquoi ?
Soudainement, il se met à glapir et à se tortiller dans tous les sens. Je me
demande ce qu'il a. Un bruit attire mon attention. Je me détourne de la
bête pour voir ce qu'il se passe. Un grand trou noir s'est formé sur la
façade d'un immeuble. Il produit un bruit insoutenable, comme une aura,
mais quand j'observe un passant qui boit de l'eau-de- vie dans la rue, pour
lui c'est comme si ce phénomène était insonore. Tranquille, il lit un livre
dont le titre est La France et ses trésors, comme si de rien
n'était.
Je peux voir vaguement un cénotaphe apparaître, comme submergé par la
matière étrange du trou noir, avec des inscriptions mystérieuses gravées
dessus, que je ne parviens pas à lire. Le renard a l'air d'aller de mal en
pis. Il me jette des regards qui me font terriblement pitié, et gémit pour
en rajouter. Je m'approche. De la fumée bleue s'échappe de son torse. Je
remarque une trace sur celui-ci. Alors, avec précaution, je le tourne afin
de voir ça de plus près.
Le choc ! Une cicatrice en forme de symbole étrange et rond orne son torse. C'est de là que je vois sortir la fumée. Je me
tourne vers le trou noir. Il laisse apparaître le même symbole au milieu.
***
Chapitre IX
Le Renard
La douleur est horrible ! Ils sont venus pour me chercher. Et le portail
est proche, je le sens. L'enfant m'a touché, il peut voir le trou noir.
Pourvu qu'il ait l'intelligence de ne pas s'en approcher ! Sinon, ils vont
le cylindrer et le transformer en pâtisserie vite fait bien fait ! Et ça
fait mal… L'aura de L'Ofëna, la dimension vide, celle qui mène aux
différentes portes des mondes, exerce une telle pression au niveau de mon
crâne qu'elle me donne l'impression que celui-ci va exploser ! Non, non !
Il s'approche de l'Ofëna. Il veut mourir ou quoi ? Un simple humain ne peut
pas survivre dans l'Ofëna !
L'enfant ne cesse de me jeter des coups d’œil angoissés. Je comprends. Les
gardiens de l'Irëna m'ont retrouvés, et ils m'ont donné un ultimatum. Ils
n'ont sûrement pas l'intention de fermer le portail, et si cela continue
comme ça, je vais me désintégrer, et ce sera ma punition, car je ne peux
pas survivre ici avec ce portail. Pour pouvoir arrêter ce supplice, il me
faudrait… de l’œnothère, plante que l'on ne trouve quasiment pas. C'est la
seule que l'on trouve à la fois sur Terre et dans l'Irëna. Les hommes ne le
savent pas, mais dans ses racines se trouvent des cristaux renfermant un
nectar. En plus, c'est délicieux. Bref, restons zen. Je vais devoir
retourner sur l'Irëna, mais en fait… je n'en ai pas vraiment envie.
J'aimerais mieux rester avec ce garçon, mais je ne veux pas me désintégrer
! C'est vrai que j'ai sûrement déçu mes semblables, mais la forêt me
manque, et je n'ai aucune idée de là où elle se trouve. Et l'ultimatum est
lancé. Ça fait mal, mais je me redresse. Je fixe le cénotaphe, prêt à
endurer les souffrances que m'ont réservées les gardiens suite à ma… à ma
fuite de l'Irëna.
***
Chapitre X
Le Gamin
Le trou noir ne cesse de bouger, mais il reste collé à la façade de
l'immeuble. Je me rapproche du renard, qui semble soudain plus endurant. Il
se relève avec peine, et fixe l'étrange phénomène avec attention. Il fait
un pas vers lui, et avec une hésitation, saute dans le trou noir. Mais
qu'est-ce qui lui prend ?
Soudain, le trou noir s'épaissit et devient bleuté. Je vois la silhouette
du renard dedans. J'hésite. Devrais-je le suivre ou continuer ma monotone
vie sans intérêt ? Qu'est-ce qui m'attend dans le trou noir, si je me
décide à y aller ?
Il semble déçu de mon hésitation. C'est qu'il n'est pas patient, le renard
! Mais, soudain, je m'élance dans le vide. Je suis fou ou quoi ? Je saute
depuis l'immeuble sans réfléchir, et me retrouve entre les deux, avec la
route en dessous. Mais, sans que j'aie à faire quoi que ce soit, le trou noir
m'aspire dans son obscurité. Ça y est, j'ai quitté Caen. J'oublie le poids qui me
pèse depuis que je n'ai plus mangé, et je ne sens plus la force qui retient
mes pieds sur le sol. Je cherche vainement à frôler la terre ou le béton de
ma ville, mais rien n'arrive sous mes talons ; je recherche le renard des
yeux.
Illustration de Nathan Trouillard |
(À suivre...)
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