Sous le sapin de Noël, Le Monde de Verlaine a découvert un nouvel épisode des aventures de Célestia, le roman de Maëlys Cosson, une élève de 3e du collège. Bonne lecture !
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Chapitre
9
Je me réveille. Myo est à côté de moi et ronfle doucement. Je prends une douche express en repensant à ma mésaventure de la veille. Me remémorer ce que j'ai fait hier suffi à me donner des frissons. J'enfile une tenue grecque simple et légère. Je sors de ma chambre en grignotant un aliment inconnu (j'ai pris l'habitude de manger des choses bizarres). Lizzie me rejoint sur le pont, son suricate sur les épaules :
« Nous sommes presque arrivés, la mer est un peu agitée mais il y a pire. Tu t'es reposée depuis hier ? - Moui, ça peut aller. Quand est-ce qu'on arrive ?
« Nous sommes presque arrivés, la mer est un peu agitée mais il y a pire. Tu t'es reposée depuis hier ? - Moui, ça peut aller. Quand est-ce qu'on arrive ?
- Bientôt. Avant midi je pense. Dis-moi, tu as toujours l'impression qu'on nous observe ? »
Elle regarde l'horizon, aussi, je ne vois pas son expression. Je décide d'être sincère :
Elle regarde l'horizon, aussi, je ne vois pas son expression. Je décide d'être sincère :
« Oui, mais elle s'est un peu atténuée depuis l'audience.
- ...
- Qu'y a-t-il ?
- Je commence à penser que ce n'est peut-être pas ton imagination Cel, dit-elle, plus je suis avec toi, plus j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche.
- Comment ça ?
- Ce que je veux dire, c'est que tout est allé très vite pour toi d'après ce que j'ai compris. Tu es arrivée, tu as rencontré Maotys et Élise, tu es venue sur l'île, tu as eu une audience avec les dieux et maintenant tu t'embarques dans une quête dangereuse. Tu ne trouves pas que c'est beaucoup en si peu de temps ? Et en plus de cela, tu arrives à croire ce que tu vois et ce que l'on t'explique sans même essayer de trouver une explication rationnelle.
- Je n'y ai jamais vraiment pensé mais maintenant que tu le dis...
- Tu es même parvenue à empêcher la voile de se déchirer. C'est comme si tu étais déjà venue ici, que tu savais tout cela au fond de toi.
- Mais je ne suis jamais venue ici, je t'assure ! Et pour la voile c'est mon père qui m'a appris à faire des nœuds marins, rien de plus. C'est vrai que tout est allé très vite mais j'ai rencontré les bonnes personnes, j'ai eu de la chance, c'est tout.
- Sûrement, soupire-t-elle, bon, nous allons bientôt arriver et on ne sait jamais ce qui nous attend. Viens, allons t'armer.
- M'armer ? M'armer de quoi ?
- Tu veux survivre en terre hostile ? Il faut t'armer. Tu ne comptais pas te battre contre nos ennemis à mains nues j'espère. La terre hostile est le territoire des créatures maléfiques, des monstres et des criminels, si tu ne te défends pas, tu meurs.
- Sympa... », dis-je, appréhendant encore plus la quête.
- Qu'y a-t-il ?
- Je commence à penser que ce n'est peut-être pas ton imagination Cel, dit-elle, plus je suis avec toi, plus j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche.
- Comment ça ?
- Ce que je veux dire, c'est que tout est allé très vite pour toi d'après ce que j'ai compris. Tu es arrivée, tu as rencontré Maotys et Élise, tu es venue sur l'île, tu as eu une audience avec les dieux et maintenant tu t'embarques dans une quête dangereuse. Tu ne trouves pas que c'est beaucoup en si peu de temps ? Et en plus de cela, tu arrives à croire ce que tu vois et ce que l'on t'explique sans même essayer de trouver une explication rationnelle.
- Je n'y ai jamais vraiment pensé mais maintenant que tu le dis...
- Tu es même parvenue à empêcher la voile de se déchirer. C'est comme si tu étais déjà venue ici, que tu savais tout cela au fond de toi.
- Mais je ne suis jamais venue ici, je t'assure ! Et pour la voile c'est mon père qui m'a appris à faire des nœuds marins, rien de plus. C'est vrai que tout est allé très vite mais j'ai rencontré les bonnes personnes, j'ai eu de la chance, c'est tout.
- Sûrement, soupire-t-elle, bon, nous allons bientôt arriver et on ne sait jamais ce qui nous attend. Viens, allons t'armer.
- M'armer ? M'armer de quoi ?
- Tu veux survivre en terre hostile ? Il faut t'armer. Tu ne comptais pas te battre contre nos ennemis à mains nues j'espère. La terre hostile est le territoire des créatures maléfiques, des monstres et des criminels, si tu ne te défends pas, tu meurs.
- Sympa... », dis-je, appréhendant encore plus la quête.
Elle m'entraîne sous le pont du navire, et ouvre une porte donnant sur une petite salle remplie d'armes en tout genre, disposées en tas. Je me faufile entre les épées, les haches, les poignards, les massues, les lances, les boucliers, les armures, les arcs, les flèches, les tridents et les casques. Lizzie me demande, en prenant une énorme massue dans sa main :
« Je crois que je vais prendre celle-ci, qu'en penses-tu Cel ?
- Ben... C'est bien, très bien.
- À toi, choisis. Il te faut une arme qui te représente, qui te ressemble, qui...
- Qui me correspond tu veux dire ?
- Oui c'est ça, qui te correspond.
- Et les autres ont choisi ?
- Bien sûr. Élise a pris un poignard, son frère une épée. Je crois qu'ils s'entraînent à les manier maintenant.
- Ah... Bon. »
Je laisse mes yeux se promener sur le tas d'armes et m'arrête sur le plus bel arc que j'ai vu de toute ma vie. Le bois aux reflets argentés luit sous la lumière et ses extrémités sont ornées de véritable argent façonné avec grâce et talent. Lizzie suit mon regard :
« Oh, tu as du goût dis-moi ! C'est un arc qu'Artémis elle-même a commandé à Héphaïstos, malheureusement, la fille auquel il était destiné est morte avant que la déesse ne puisse le lui offrir.
- Je peux quand même le choisir ?
- Bien sûr, vas-y. »
Je prends l'arme : elle est étonnamment légère et parfaitement à ma taille. Sur le bois argenté, sont incrustées des pierres que je reconnais : des Moo-neëce. Lizzie m'explique que ce sont des « minis » pierres précieuses que la déesse a fabriquées pour cet arc. Normalement, les Moo-neëce sont bien plus grandes. Lizzie met un minuscule casque à son suricate. Il est vraiment mignon !
Ayant fait nos choix, nous sortons de la pièce encombrée. La fille en rose conseille :
« Tu devrais préparer ton sac de voyage avec le nécessaire, et surtout avec beaucoup d'eau. Nous serons dans le désert. Ah, et tu devrais t'entraîner un peu, c'est assez difficile de manier un arc.
- Je pratique le tir à l'arc depuis que je suis toute petite, mais oui, je vais l'essayer pour m'habituer à celui-ci.
- Attends, tu es en train de me dire que tu sais parfaitement manier cette arme ?
- Oui bien sûr. Bon, je te laisse, je vais préparer mes affaires, à toute à l'heure et merci pour tout ! »
Je retourne dans ma chambre en laissant Lizzie plantée là, l'air abasourdie. Ben quoi ? Je n'ai pas le droit de pratiquer cette activité ?
J'attrape mon sac en toile et le remplis de flasques d'eau : pas question de mourir de soif dans le désert, ce serait trop bête ! Je prends aussi quelques vêtements et des affaires de toilette.
Après avoir bouclé mon sac, (qui pèse au moins mille kilos) je monte sur le pont et regarde les domestiques de Lizzie s'affairer sur le bateau abîmé par la tempête. Je regarde de nouveau mon arc : il est si beau ! Je tends la corde, elle est parfaite. La pointe de la flèche est drôlement aiguisée. Si quelqu'un la recevait, je doute qu'il s'en sorte indemne. Bien, je pense être protégée.
Je me fige soudainement. Quelque chose me dit qu'un danger nous guette (je vous vois venir : en même temps Célestia, c'est normal que tu sois en danger puisque tu nous as dit que la terre hostile est le plus grand danger de l'Hercaliazie ! Vous aurez raison évidemment, mais j'ai l'intuition que cette fois, c'est une menace directe.). Je me concentre sur ce qui m'entoure : sur le bateau, rien n'est différent cependant quelque chose a changé, j'en suis sûre.
Le bruit... c'est ça ! Le bruit des vagues qui se fracassent sur la coque n'est plus régulier.
Ce que je reconnaîtrais plus tard comme une cloche retentit. L'alarme ! J'avais donc raison !
Des cris me parviennent de l'arrière du bateau. Les domestiques de Lizzie courent vers moi comme si leur vie en dépendait. Une femme hurle en m'empoignant par le bras :
« Vel trori ! Lo ninos ! »
N'ayant aucune idée de ce qu'elle veut dire, je regarde vers la poupe. Un frisson me parcoure le corps et mon sang se fige dans mes veines : les chimères ! Comment sont-elles arrivées ici ? Je me ressaisis. Ce n'est pas le moment de se poser des questions, des personnes sont en danger. Je m'élance.
Mon arc en main, je grimpe aux cordages afin de bénéficier d'une vue en hauteur sur ce qui se passe. C'est pire que ce à quoi je m'attendais. Les monstrueuses créatures envahissent le bateau. Sortant de l'eau, elles arrivent par trois ou quatre (à noter : les chimères savent nager... zut). Mais le pire reste sur la terre devant nous, des troupes entières de ces bêtes s'engagent sur la plage et rejoignent notre navire.
Bienvenue en terre hostile !
Mes amis sont déjà en bas. Armes en main, ils combattent du mieux qu'ils peuvent les monstres, poignard pour Élise, épée pour Maotys et massue pour Lizzie. Cette dernière attaque et tue sans répit. Son entraînement de future transmetteuse (ça se dit ça ?) doit comprendre l'option « combat contre une armée de monstres trois fois plus gros que soi, qui crachent du feu, ont une tête de lion, un corps de chèvre et une queue de serpent », un peu trop précis peut-être, non ? Bref. Lizzie se bat avec une rapidité déconcertante, sa vitesse compensant sa taille, elle arrive à bout de ses adversaires en moins de trente secondes en leur assénant des coups sur le crâne. Le frère et la sœur ne s'en sortent pas mal non plus, à eux deux, ils réduisent nos ennemis en viande hachée si je puis dire. Soit ils se sont beaucoup entraînés tout à l'heure, soit ils savaient déjà comment se battre avant cette mission. Cependant, cela ne suffit pas, trois chimères se rapprochent dangereusement d'un groupe de domestiques et leur seul rempart est Pitit, le suricate de Lizzie et Myo. Le petit groupe est coincé, des femmes hurlent ou pleurent et ne peuvent se défendre. Une rage terrible s'empare de moi, comment mes ennemis peuvent-ils s'en prendre à des innocents ! Comment osent-ils s'en prendre à mes nouveaux amis. Dans un accès de fureur, j'encoche une de mes flèches et tire sur les bêtes. Je ne contrôle plus mes gestes et mes souvenirs me reviennent flous, comme sur une vieille photo d'archive. Je me souviens vaguement avoir rugit de colère et tiré sans répit. Je ne me souviens pas d'être descendue des cordages non plus, pourtant, je me suis retrouvée sur le pont à tuer ces envahisseurs.
Sur la plage, leurs alliés n'osent plus venir dans notre navire mais mes flèches ne les épargnent pas. Elles touchent les chimères à chaque fois. J'ai l'impression de ne faire qu'un avec mon arc. Bientôt, une seule de ces bêtes reste sur la plage, elle a la bonne idée de s'enfuir, laissant des traces de sang sur son chemin. Le silence revient sur le bateau et la plage. Je me retourne brusquement, encore armée et fais face au regards de mes amis, complètement ahuris avant de m'évanouir de fatigue.
Une douleur atroce me réveille. Myo est penché sur moi :
« Ne bouge pas Cel.
- Qu'est-ce que... commencé-je.
- Tu es blessée. C'est une brûlure, le problème c'est que nous n'arrivons pas à te soigner. »
Une brûlure ? Les souvenirs du combat me reviennent, toujours aussi flous. Je grimace : qui aurait dit qu'une brûlure pouvait faire aussi mal !?
« Cel, désormais je vais t'appeler Célestia, yoner del trotri, ça sonne bien non ? demande Lizzie.
- Célestia, tueuse de chimère ? Carrément que ça sonne bien ! acquiesce Maotys, c'était tellement dément ce que tu as fait Cel ! On ne dirait pas mais t'es trop forte !
- Raah mais laissez-la à la fin ! Vous ne voyez pas qu'elle est exténuée !? Allez-vous en bande d'idiots ! gronde Élise. »
Elle attend que les autres partent et me regarde. Elle est pâle et ses yeux sont rouges, comme si elle avait pleuré. Je lui demande :
« Qu'est-ce qui ne va pas El ?
- Comment ça ?
- Je ne sais pas, tu as l'air bizarre, il s'est passé quelque chose lorsque je dormais ?
- J'ai... j'ai juste un peu le mal de mer c'est tout », dit-elle en baissant la tête.
Cependant, je vois bien qu'elle ne va pas bien du tout. Je la regarde l'air de dire : « Sérieux, tu crois vraiment que je vais gober ça ? ». Elle sourit un peu :
« Bon d'accord, je me suis disputée avec Mao tout à l'heure. Il m'a dit que je n'étais qu'une bonne à rien, même pas capable de convaincre les dieux de nous faire revenir sur Terre et qu'il me détestait depuis le jour où je suis née.
- Oh... Ne t'inquiètes pas, c'est ton frère, il ne peut pas te détester. Et je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi courageux que toi. Tu as eu la force de rester en Hercaliazie et tu as trouvé un moyen de vivre sans l'aide de personne. Il va bientôt regretter ses paroles et tout ira mieux. »
Elle hoche mollement la tête, m'ordonne de me reposer et part. Quelque chose me dit que sa dispute n'est pas son vrai souci, mais si elle ne me confie rien, je ne peux rien faire. Je repasse mes paroles dans ma tête. Comment ai-je pu lui assurer que tout ira mieux. Non, tout n'ira pas mieux. C'est même le début des ennuis. Je regarde ma tenue : une tenue grecque que mes amies m'ont enfilée lorsque je dormais. Une vague de culpabilité me submerge : je suis habillée en tenue grecque et je me fond parfaitement dans un décor mythologique, j'ai parlé aux dieux, je parle d'eux au présent, je me bats contre des créatures maléfiques et je suis censée triompher d'une quête. Je suis aussi censée découvrir si les forces maléfiques veulent se rebeller et je ne pense plus à mes parents. Mes parents qui doivent être effondrés. Mes parents qui pensent peut-être que j'ai fugué. Je réfléchis : cela fait quelques jours que je suis en Hercaliazie. Si mes calculs sont exacts, les vacances d'été se sont terminées hier et la rentrée à eu lieu aujourd'hui. Je donnerais tout pour être dans une salle de classe, même si les cours m'ennuient et que je passe le plus clair de mon temps à observer les habitudes, les manies, et le comportement des élèves et des professeurs ou à regarder par la fenêtre, laissant divaguer mes pensées. Des répliques de professeurs que j'ai entendues au moins cent fois reviennent à mon esprit : « Célestia, réveille-toi bon sang ! » ; « Célestia, je t'ai posé une question ! » ; « mademoiselle, je peux savoir ce qu'il y a de si intéressant dehors ? » ; « Célestia, peux-tu répéter ce que ton camarade vient dire je te prie ? », le pire c'est que je donnais les bonnes réponses à chaque fois. Ce que cela pouvait énerver les professeurs !
On toque à la porte :
« Coucou Cel !
- Salut Lizzie, qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je viens te rendre visite.
- Comme ça, sans raison ?
- Ah d'accord ! Tu penses que j'ai besoin d'une raison pour venir voir si tout va bien ?
- Bon allez... Pourquoi es-tu là au juste ? »
Lizzie soupire mais ses yeux roses pétillent d'amusement :
« D'accord tu as gagné... Je suis venue pour en savoir plus sur ta manière de tirer à l'arc.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Depuis combien de temps tu manies cette arme ?
- Je ne considère pas l'arc comme une arme, plutôt comme un passe-temps. Et je sais tirer comme cela depuis toujours, enfin aussi loin que mes souvenirs puissent aller.
- Mmh... Étrange. C'est impossible de savoir tirer comme cela pour un terrien normalement.
- Tes parents tirent à l'arc aussi ?
- Lesquels ? »
Lizzie me regarde bizarrement. En même temps que voulez-vous que je lui dise, théoriquement j'ai quatre parents différents, adoptifs et biologiques... Elle reprend :
« Comment ça « lesquels » ?
- J'ai été adoptée.
- Oh... Désolée je ne savais pas...
- Ne t'inquiète pas, je le vis très bien tu sais. À ce que je sache mes parents adoptifs ne pratiquent pas le tir à l'arc et je n'ai jamais connu mes parents biologiques alors je ne sais pas.
- D'acc... D'accord. »
Lizzie me regarde quelques secondes, gênée, puis sort de la cabine sans dire un mot. Cela arrive parfois lorsque je dis que je suis adoptée, les personnes ne comprennent pas que cela ne me pose aucun problème. Bien sûr j'aurais aimé pouvoir connaître ma famille biologique mais je ne me plains pas de ma famille adoptive. Je soupire longuement et me lève. J'ai quelques courbatures aux bras à force d'avoir tirer mes flèches mais à part cela, je me sens plutôt bien.
Je marche jusqu'au lavabo et me regarde dans le miroir. Je n'ai pas la même tête que chez Lizzie. J'ai l'air moins fatiguée, plus apaisée, comme si mes exploits m'avaient libérés de quelque chose.
J'ai bonne mine et je suis en assez bonne santé mise à part cette énorme brûlure dans le cou. À peine ai-je formulé cette pensée que la douleur me parvient, je grimace et gémis un peu. Je me suis déjà brûlée avec le four un jour mais la blessure que j'ai là, c'est un autre niveau. Ma peau est rouge, sanguinolente et des cloques se sont formées, quelques unes ont mêmes éclatées. Beurk. Une envie de vomir me prend : quel horreur ! Je regarde dans un petit placard cent pour cent terrien. Des fioles remplies de liquides de toutes les couleurs me font face. Certaines sont à moitié vides, je crois que c'est avec ces solutions étranges qu'ils ont essayé de soigner cette brûlure. Cela n'a pas marché on dirait. Je prends une des fioles et regarde derrière, une étiquette indique : « Certo », je renifle prudemment son contenu. Une odeur plutôt douce. Je saisis un petit bol et laisse mes gestes me guider ; une goutte de ci, un peu de cela et voilà ! Je mélange le tout et l'applique sur mon cou (attention les enfants : à ne pas refaire chez vous, on ne mélange pas des produits inconnus pour se les mettre sur la peau, c'est très dangereux !). En un instant, mes plaies cicatrisent. Ma peau redevient lisse et reprend sa couleur initiale. Je n'en reviens pas, je reste un moment devant le miroir, sans comprendre. Je songe au jour où j'ai soigné Myo : je viens de faire la même chose sur moi avec des blessures et des liquides inconnus. Je passe ma main sur mon cou, rien, tout est normal, comme si je n'avais jamais eu de brûlure. N'étant plus du tout fatiguée, je sors sur le pont et rejoins Maotys qui reste bouche bée :
« Comment... comment t'as fait ?
- Pour tout dire, je ne sais absolument pas. Je... j'ai laissé mes gestes faire et puis, ça a cicatrisé... Je ne comprends pas mais j'avais déjà fait ça une fois pour Myo quand j'étais petite, dis-je en baissant la tête.
- Attends... tu veux dire que tu t'es trouvée un remède seule !? » demande Élise.
Ma gorge se serre :
« Oui, je... je crois.
- Mais c'est impossible ! Même Lizzie qui a reçue la formation des transmetteurs n'a pas réussi à te soigner ! », s'exclame Mao.
Mes oreilles bourdonnent : ça y est, ils me trouvent étrange. Ce n'était qu'une question de temps.
« C'est vrai Cel, je n'ai jamais vu quelqu'un dépasser mes connaissances. Plus ça avance et plus je me dis que tu es... hors du commun », intervient la jeune fille rose.
Cette fois, c'est trop, je lance :
« Parce que c'est pas hors du commun d'avoir les yeux et les cheveux roses peut-être !? Arrêtez de dire que je suis bizarre ! Vous croyez pas que je le sais ! », hurlé-je.
Lizzie pâlit et les autres me regardent, effarés. Je fais volte-face et retourne dans ma cabine, sans dire un mot.
Pour quelle raison me suis-je énervée ? Je n'en sais rien, mais cette situation a ravivée en moi des souvenirs d'enfance. Les personnes qui disaient à ma mère : « Sandrine, pourquoi l'as-tu adoptée ? Elle est bien trop étrange, mystérieuse... Pourquoi cette petite ? » ; « Oh c'est votre enfant ? Elle est... anormale... ». Ces souvenirs, autrefois enfouis dans ma mémoire ont refait surface. Des souvenirs très lointains mais bien réels. Pourquoi ces personnes me trouvaient étrange ? Quelle était la réponse de ma mère ? Toutes ces questions demeurent sans réponses. J'ai beau chercher encore et encore dans ma mémoire rien. Seulement ces phrases. Mes pensées tourbillonnent dans mon cerveau et ma tête tourne. Que faire ? J'ai conscience de m'être emportée trop vite, j'ai conscience d'avoir peut-être fâchée Lizzie mais je ne veux pas sortir, j'ai l'impression que si je sors, mes souvenirs se feront emportés par le vent et je ne pourrais jamais plus les retrouver. Que faire ?
Sans que je m'en rende compte, des larmes coulent le long de mes joues et, très vite, se transforment en un torrent salé.
A suivre...
super
RépondreSupprimerDylan bedel