Le Monde de Verlaine vous présente un premier roman, Les aventures de Célestia, écrit par une élève de 4e du collège d'Evrecy, Maëlys Cosson. Voici le 4e chapitre !
« Célestia ? Célestia réveille-toi ! chuchote une voix qui me paraît très
lointaine.
- Mmh…
- Célestia ! Maotys m'a hurlé qu'il avait quelque chose d'important à nous
dire aujourd'hui !
- Maotys ?
- Oui Maotys ! Souviens-toi ! continue cette même voix.
- Quelque chose d'important ?
- Oui ! Bon sang tu ne vas pas répéter tout ce que je te dis ! »
Ce… Ce n'était pas un rêve ?! Mon chat qui parle, ce monde de fous, les
luris, le magnifique paysage, tout cela c'est réel ?!
J'ouvre les yeux et sursaute : le nez de Myo est à quelques centimètres de
moi. Maotys a une chose à nous dire. Je me lève donc et vais dans le salon
où Élise est tranquillement assise et compose de jolis bouquets de fleurs :
« Je suis allée les cueillir ce matin elles sont belles hein ? me
demande-t-elle sans lever les yeux de ses plantes.
- Oui magnifiques !
- Voulez-vous manger quelque chose ce matin ? interroge-t-elle.
- Avec plaisir ! Je gouterais bien un autre fruit ! intervient Myo, d'un air
joyeux.
- Je croyais que tu ne mangeais des fruits que lorsque tu n'avais rien
d'autre ? remarqué-je, perplexe.
- Oui mais les fruits de l'Hercaliazie sont bien meilleurs que chez nous,
alors je veux bien en manger des centaines !
- Ah …
- Si vous voulez des fruits, allez donc vous servir dans la cuisine, ils sont
dans une petite corbeille en dessous du four à pain. »
Nous nous dirigeons donc vers la cuisine et Myo s'émerveille :
« Ouaaah ! Quel vieux four ! »
Il n'a pas tort, ce four à pain ressemble à ceux que l'on voit dans les
très anciens bâtiments des villes en ruines : en forme de dôme et fait de
pierres et de briques.
Je regarde en dessous et attrape la corbeille de paille remplie de fruits
très colorés : rouges, jaunes, oranges, verts et même bleus ! J'en choisi
un au hasard et croque dedans. Comme les luris, ils ont un goût sucré et
remplissent bien l'estomac.
Nous devrions aller voir Maotys car il voulait nous dire quelque chose. Je
retourne dans le salon et interroge Élise :
« Dis-moi tu n'aurais pas vu ton frère par hasard ?
- Si, il est parti effectuer ses services quotidiens.
- Ses services quotidiens ?
- Oui, pour gagner des fragments de Moo-neëce il va de maisons en maisons
effectuer quelques services, on ne gagne pas beaucoup mais c'est suffisant
pour ce que l'on en fait...
- Qu'est-ce que c'est des fragments de Moo-neëce ? demandé-je.
- Les fragments de Moo-neëce, c'est la monnaie d'ici sauf que ce sont
morceaux de pierres précieuses.
- Ah je comprends mieux maintenant…
- Je n'ai vu qu'une fois l'une de ces pierres en entière, mais je peux t'en
faire la description. Mmh comment dire … elle était ovale, de couleur
bleu-grise et heu … en son cœur, il y avait un gros point, il était noir
comme le jais, explique-t-elle non sans difficultés.
- Comme... mes yeux ? proposé-je
- Oh ! C'est exactement ça, enfin à peu de choses près, rectifie-t-elle.
D'après la légende c'est la déesse Artémis qui les a crées. Au fait,
comment as-tu su qu'elles étaient comme tes yeux ?
- C'est simple, hier, Maotys m'a expliqué comment il avait obligé le marchand
à me donner des luris : il lui a dit que j'avais les yeux pareils que des
Moo-neëce. Au début je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire mais
maintenant j'y vois plus clair.
- En parlant de Maotys, pourquoi voulais-tu le voir ? demande-t-elle.
- Il veut me dire quelque chose d'important je crois.
- Ah ça... Oui, il m'a prévenu. »
Après avoir aidé Élise à composer beaucoup de bouquets – pourquoi en
a-t-elle besoin d'autant ? – elle nous propose d'aller les vendre au marché
où j'ai rencontré Maotys :
« Il nous rejoindras plus tard, dit Élise, il va se douter que nous sommes
là.»
Avant de mettre les fleurs sur l'étal, nous plaçons une grande nappe
blanche, les couleurs des fleurs ressortent dessus et cela rend les
bouquets encore plus jolis. Peu après, une grande femme s'avance vers Élise
et lui demande :
« En quit er uo ?
- Gua noun, répond-elle.
- Louy ! Jui no foues ju ! » annonce alors la femme.
Élise me demande de lui donner quatre petits bouquets de fleurs blanches,
roses, violettes et rouges, ce que je fais avec plaisir ( Plutôt avec peur.
C'est vrai quoi ! Elle fait peur cette dame avec ses yeux noirs et ses
cheveux courts et bruns ! ).
Quelques temps plus tard, des pas s'approchent de nous, Maotys fait
irruption :
« Alors, comment marchent les affaires ?
- Nous avons vendu vingt-deux bouquets. Et toi qu'as-tu fait ce matin ?
demande sa sœur.
- J'ai cueilli des fruits et j'ai aussi acheté des provisions pour un vieil
homme qui ne peut plus se déplacer. J'ai récolté onze fragments. Je vous
avais dit que je devais vous annoncer quelque chose non ? Alors nous
devrions nous mettre dans un endroit où personne ne pourra nous entendre. »
Nous sortons de la petite ville pour nous diriger vers le côté opposé à la
maison des deux hercaliens ( ah oui, j'ai appris que les habitants
d'Hercaliazie s'appellent les hercaliens. Mais retournons à nos moutons…
Enfin à nos hercaliens… Bon, heu, à notre histoire ! )
Maotys et Élise s'arrêtent d'un seul coup :
« Ici nous serons à l'abri des regards un peu trop curieux, dit Maotys. »
Dans la petite clairière, de grands arbres dans lesquels nous pourrions
grimper facilement se dressent autour de nous. Les herbes hautes nous
offrent beaucoup de cachettes où, en cas de danger, nous nous réfugierons,
on ne sait jamais ce qui peut arriver ici…
Personne ne parle. Myo et moi observons cet endroit étrange, aucun
commentaire non plus lorsque nous nous asseyons à l'ombre des arbres
sûrement centenaires compte tenu de leurs tailles, puis, Maotys prend
(enfin) la parole :
« Nous voilà dans la clairière la plus discrète des environs. Je veux vous
annoncer quelque chose : comme je vous l'ai déjà dit, nous aussi, nous
venons de la Terre, mais je ne vous ai pas tout raconté… Cela va presque faire un an que nous habitons en Hercaliazie.
Lorsque nous avons atterri ici. Nous cherchions un moyen de partir, mais
personne ne parlait notre langue dans ce monde, puis, petit à petit, nous
avons appris à parler hercalien et tout semblait s'arranger : nous avions
entendu dire que si nous voulions exaucer un souhait quelconque, il fallait
retrouver deux dieux disparus. Pour avoir plus d'informations, nous nous
sommes rendus sur l'île d'Hercalias afin de …
- L'île d'Hercalias c'est là où vivent les dieux mythologiques, coupe Élise,
ignorant le regard courroucé de Maotys, qui n'aime pas être interrompu.
- Oui donc, nous nous sommes rendus sur l'île afin de …
- Les dieux disparus étaient Artémis, déesse de la mythologie grecque, et
Osiris, dieu de la mythologie égyptienne, intervient de nouveau Élise.
- Tu le fais exprès ?!
- …
- Donc, je disais... Nous nous sommes rendus sur l'île afin d'en savoir plus
sur cette histoire. Puis, nous avons appris que cette rumeur était vraie,
alors nous avons voulu faire des recherches en Hercaliazie, cependant,
personne n'avait plus d'informations et nous ne savions pas s'il s'agissait
d'une fugue ou d'un enlèvement. Alors, nous avons demandé aux gens que nous
croisions s'ils avaient vu une trace des deux dieux, mais malheureusement,
personne ne les apercevaient. Aujourd'hui encore, Osiris et Artémis
demeurent introuvables et nous ne sommes pas plus avancés. Nous n'avons pas
osé retourner sur l'île pour dire aux autres dieux que nous n' avons pas
trouvé les disparus, alors nous ne savons pas si'ils ont des indices à nous
donner.
- Je vois. Il n'y aucun autre moyen pour repartir ? demandé-je.
- Non aucun et ce n'est pas faute d'avoir cherché, répond Élise.
- Eh bah il faut juste aller voir les dieux, leur demander des indices,
partir à la recherche d'Artémis et d'Osiris, les trouver et les ramener sur
leur île avec les autres c'est simple non ? dit Myo apparemment pressé de
partir.
- Plus facile à dire qu'à faire, marmonne Maotys en levant les yeux au ciel,
et puis tu m'expliques comment tu t'y prendras quand tu seras devant les
dieux qui ont appris que nous n'avons pas réussi à trouver les deux
disparus ? Tu vas leur dire : « Excusez-moi nous ne les avons pas trouvé la
première fois, mais nous voulons quand même avoir des indices. Merci au
revoir ! » Réfléchis un peu !
- Arrête Mao ! Ce n'est pas une si mauvaise idée, remarque Élise, et puis tu
oublies que Célestia et Myo n'étaient pas avec nous la première fois … Par
conséquent, nous pourrons leur demander si nous pouvons continuer nos
recherches à quatre. Cela fera un bon prétexte pour revenir sur l'île et
obtenir des indices supplémentaires !
- Bon qu'est-ce qu'on fait ? On essaie d'y aller ? Avec un peu de chance il
n'y aura aucun problème, interrogé-je.
- On peut toujours essayer … dit Maotys en haussant les épaules.
- Alors il faut se dépêcher si nous voulons partir cette après-midi : il faut
manger, rassembler le nécessaire au voyage etc... on en a pour un bon bout
de temps », annonce Élise.
Je ne dis rien. Faut-il vraiment que je parte ? N'y a-t-il pas un autre
moyen pour rentrer chez moi ? Je suis jeune, je ne veux pas risquer ma vie
et me lancer dans une aventure ! Je n'ai rien demandé moi ! Je ne veux pas
y aller ! Il doit forcément y avoir un autre moyen ! Je ne risquerais pas
de me perdre dans ce monde, point ! En même temps, comment m'en irais-je
autrement ? RAAH !!! Je déteste les dilemmes ! Surtout quand c'est aussi
important et que cela me concerne ! Je dois prendre Myo à part et lui
demander son avis. Après tout, il est mon compagnon... Une vague de
culpabilité m'envahit : c'est à cause de moi qu'il est en Hercaliazie !
« Je ne sais pas Célestia...
- Myo s'il-te-plaît, aide-moi ! Je ne sais plus quoi faire ! D'un côté je ne
veux pas partir, et de l'autre je sais que j'y suis obligée !
- Je pense que nous devons retourner dans notre monde. Je ne me sens pas à ma
place ici, regarde-moi ! Je suis un chat qui parle !
- Je ne veux pas risquer ma vie et me blesser en faisant ce voyage !
- Pourquoi te blesserais-tu ? Et puis tu a entendu Maotys et Élise : il n'y a
aucun autre moyen !
- Si c'est ce que tout le monde pense, nous partons, mais que ce soit bien
clair, arrivée chez ces fameux dieux, j'essaierais de les convaincre de
nous renvoyer sur Terre.
- Bonne idée... »
Voilà. Myo m'a donné son avis, pourtant au fond de mon cœur, j'espérais
qu'il me dirait le contraire. En vérité, il n'a pas tort : je n'ai aucune
raison de me blesser ou de risquer ma vie. Malgré tout, j'ai un mauvais
pressentiment ; comme une ombre, noire et menaçante, qui plane au-dessus de
ma tête.
A suivre...
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