Retrouvez le Gamin et le Renard, dont les aventures nous sont racontées par Zoélie. Et si vous souhaitez vous replonger dans les chapitres précédents, cliquez ici.
![]()  | 
| Illustration : Charlotte P.-B. (6e5) | 
Chapitre XXII 
Le Gamin 
Il hurle. Il me crie dessus, il s'époumone dans une langue que nous
    comprenons tous les deux. Il me supplie de l'aider. Ses mots sont
    implorants, mais je ne peux rien faire ! Soudain, il saute sur moi. Quand
    je me relève, une silhouette semblable à celle que nous avions
    malencontreusement rencontrée dans le néant passe au-dessus de nous. J'ai
    peur, tellement peur ! Le froid me gerce les lèvres, et il parvient à
    briser la barrière dure et blanche du sommeil pour me faire ressentir la
    douleur de la peau sèche et percée. Un guerrier-renard géant apparaît au
    loin. Il nous fixe, les muscles bandés. Un frisson parcourt mon dos,
    couvert de mon T-Shirt misérable. Mon compagnon, après avoir longuement
    regardé, rêveur, le soldat de ce monde-forêt, tourne sa tête vers moi. Il
    me scrute de ses incroyables et profonds yeux verts. « Ce monde est
    dangereux, petit d'homme. Je te ramènerai chez toi, mon ami. »
Une lueur étrange s'allume dans son regard, et il hurle soudainement à la
    mort. Un fouet que je ne vois pas s'éclate sur son échine. On le réveille.
    Il disparaît, les yeux implorants, de cet environnement qui n'existe que dans le
    sommeil. Je m'affaisse sur la terre humide, désespéré. Que vais-je faire ?
    Rester là, et attendre que mon renard meure de tous les châtiments qu'ils
    lui ont destinés ? Non, non, non et non ! Peu importe ce qu'il a fait, je
    m'en fiche. Ce ne sont pas mes affaires ! Mais je sais ce que je vais
    faire. Au lieu de rester cogiter ici. Je vais… aller le chercher. Rien que
    ça ! 
Chapitre XXIII 
Le Renard 
Je finis mon rêve sur un cri de douleur. C'est la femme Irënienne qui me
    lance un éclair de foudre dans l'échine. Elle me tire de mon sommeil forcé
    avec cruauté, alors que je rejoignais peu à peu la conscience de mon
    protégé. Pour cela, je me mets dans une colère terrible. Elle est
    sur-protégée et plus puissante que l'ensemble de l'armée Irënienne, mais je
    n'en ai rien à faire. Un souvenir dur et froid refait tout à coup surface
    dans mon esprit.
J'étais encore un renardeau inexpérimenté et insouciant. Je m'étais aventuré un peu plus loin que d'habitude, dans les vastes prairies du Portail Indestructible, appelé « Portail du Chaos » car il mène tout droit vers l'Ofënna. J'étais alors terriblement impressionné par sa grandeur noire et froide qui laissait entrer les feuilles mortes de l'Irënna. Je m'étais approché hardiment. J'avais promptement contourné l'attention des gardiens-renards. Et j'avais couru dans l'herbe verte et grasse, mon pelage caressant celle-ci avec souplesse. J'avais alors savouré mon bonheur avec insouciance. Mais une ombre près du portail, que j'avais laissée dans mon dos, avait alors attiré mon attention. Je m'étais caché dans les oranges œnothères, avec lesquels je me confondais si bien. C'était quelqu'un qui revenait de la dimension vide. J'étais alors si excité de voir une patrouille ! Mais ce n'était pas une patrouille ! Je ravalai mon excitation, et restai cloué sur place en découvrant que la femme en gris sortait du Portail Indestructible. Elle se tourna vers moi, plissa les yeux, et je m'aplatis plus encore au sol. Les oenothères me semblaient à présent comme un refuge réconfortant. Elle repartit, un couteau à la main.
Chapitre XXIV 
Le Gamin 
Un nouveau prisonnier entre dans une cellule, à côté. Ce même boucan se
    répète depuis mon réveil. C'est fatigant. J'essaie de toutes mes forces de
    déplacer le rocher qui bloque la mienne, en vain, à chaque fois. Dès que je
    reprends l'énergie que j'ai éparpillée dans le rocher, je tente une nouvelle
    fois. Mais chaque tentative est nulle. Une nouvelle fois, je m'endors,
    épuisé. Je me retrouve une nouvelle fois dans cet étrange paysage où le
    renard et moi nous sommes vus tout à l'heure. Mais il n'est pas là. Je
    m'avance, et découvre l'endroit. C'est une prairie tranquille, où une brise
    attire mon attention. Je m'approche de sa provenance, et vois une petite
    entrée de grotte. Mais j'ai beau plisser les yeux, je ne parviens pas à
    voir le sol du fond de cette cavité. Comme si… le parterre s'était dérobé.
    Un craquement. C'est mon renard qui m'observe, rêveur, mais il a une idée
    derrière la tête. Je le regarde, perplexe. « Je sais ce que l'on peut
    faire. ». En entendant cela, l'espoir se rallume dans mon coeur. Il me
    montre la cavité en me disant que c'est la clef de la liberté. Puis,
    s'étant avancé, il me touche le front de son museau en murmurant quelque
    chose d'improbable. Je ne sais pas ce qu'il dit, mais dans son étrange
    chanson je sens comme un vent glacé en moi. Le sol se dérobe sous mes
    pieds. Le renard au contraire semble s'envoler, et un trou noir se forme
    dans ma chute. J'ai peur, j'ai froid, et une panique incontrôlable
    soudainement s'empare de moi. Je me réveille en sueur. Mais quand je me
    relève, cela me semble plus difficile. Je m'affaisse, mais une force énorme
    se tient dans mes membres quand je suis à quatre pattes. 
(À suivre...) 

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Il est nécessaire d'inscrire ton nom et ton prénom dans ton commentaire pour que celui-ci soit publié.